07 december 2020
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Entretien avec Ibrahima Thioub dans la revue Sociograph n°49 de l'Université de Genève.

Entretien avec Ibrahima Thioub dans la revue Sociograph n°49 de l'Université de Genève La colonisation, c'est comme 300 ans de présence nazie.

La Suisse a toujours été l’axe au coeur de la roue des puissances mondiales. Elle joue un rôle de modérateur sur le plan des relations internationales tout en modérant également son implication dans ces rapports. Sa neutralité lui a permis de garder une position privilégiée pendant le partage de l’Afrique. Nous nous sommes interrogé-es sur la présence suisse dans le continent africain en contextualisant la création et le développement des communautés des Suisses à l’étranger, et sur les effets de la décolonisation. Nous nous sommes entretenu-es avec des spécialistes de la question, issu-es de différents domaines pour assurer la perspective pluridisciplinaire de notre approche et prendre la mesure de l’implication des Suisses dans la question coloniale. Les entretiens ont permis de lever le voile sur une Suisse idéalement neutre et ses paradoxes, et de proposer une lecture globale à travers des éléments interprétatifs, à savoir l’impérialisme et le colonialisme, la neutralité et la mémoire.

En participant à ce travail de mémoire sur l’histoire des colonialismes suisses, nous avons cherché à réconcilier les paradoxes et contradictions pour proposer une transition vers une nouvelle approche sociétale et sortir du paradigme colonial.

Professeur d’histoire à l’Université Cheikh Anta Diop (Dakar, Sénégal) depuis 1990 et membre associé de l’IEA de Nantes, Ibrahima THIOUB est spécialiste de l’esclavage. Il a fondé à Dakar le Centre Africain de Recherches sur les Traites et l’Esclavage (CARTE) qu’il dirige actuellement.

Ibrahima THIOUB a été professeur invité à l’EHESS et dans plusieurs universités aux États-Unis, en Europe, en Asie (Népal, Inde, Sri Lanka) et dans de nombreux pays africains (Gambie, Sierra Leone, Afrique du Sud). En 2008-2009 il a été chercheur-résident au Wissenschaftskolleg de Berlin et, depuis mars 2012, il est Docteur honoris causa de l’Université de Nantes.

Ibrahima THIOUB pose un regard critique sur les lectures africaines de l’esclavage et de la traite atlantique. Outre l’emploi des esclaves dans les activités économiques, il étudie leur rôle dans les relations sociales et leurs expressions juridiques dans les espaces privés et publics. Son étude s’inscrit dans une perspective historique en accordant une importance particulière aux mutations inscrites dans le temps de la ville et de son environnement.