Fellows
How does nature speak, how does nature work?
Fellowship : September 2022 to december 2022
Discipline(s) : Literature
Pays : France
Le séminaire de résidence de Camille de Toledo aura lieu le lundi 21 novembre 2022 :
VERS UNE INTERNATIONALE DES RIVIÈRES (et des autres entités de la nature)
Vers une internationale des rivières est le titre d’un projet à venir : une interrogation à plusieurs voix sur le « travail de la nature », dans le sillon de ce que j’ai nommé "le soulèvement légal de la Terre. » Si les entités de la nature et les processus naturels accèdent au statut de sujet de droit, quelles seront leurs revendications ? Vont-ils demander des revenus, de meilleures conditions de travail ? Mais aussi, comment vont-ils se mettre à parler ? Qui sera en charge de traduire leurs voix, leurs intérêts, leurs valeurs dans l’espace public ? Et justement, cet espace public, à quoi ressemblera-t-il si, à côté des Etats, des entreprises et des associations citoyennes, de vastes personnalités naturelles (forêts, lacs, rivières, cycle de l’eau, espèces menacées...) obtiennent la personnalité légale ? Que se passera-t-il dans les tribunaux, les parlements ?
Depuis 2008 et la création de la Société européenne des auteurs, je pratique un art processuel, de la délibération, à la croisée de l’art, de la recherche, de la science et de l’espace public. Cette forme d’art vise à accompagner, voir à provoquer des métamorphoses, en d’appuyant sur la dimension profondément narrative et fictionnelle de nos ordres juridique, politique, et économique. Dans mes recherches sur la traduction, en compagnie de Bruno Latour, dès 2009, je me suis mis à travailler sur une extension de l’espace public aux êtres de la nature, en me demandant comment les traduire. L’aggravation de la crise terrestre a accompagné ce questionnement, depuis les travaux de Christopher Stone (1972), jusqu’à la reconnaissance du fleuve Whanganui en Nouvelle-Zélande, en 2017.
Pendant ce séminaire, je proposerai des dessins, comme des « planches » d’une recherche en cours, pour m’interroger avec vous sur les diverses ramifications de ce soulèvement légal des entités de la nature (en écho à ses manifestations, ses tremblements, ouragans, tempêtes, réchauffement climatique...) Il s’agira aussi de poser les bases de ma prochaine « institution potentielle » : pour penser, créer une « International des rivières et des autres éléments de la nature », en mettant au coeur de nos réflexions les demandes et les revendications de ces travailleurs particuliers que sont les travailleurs terrestres…
Suggestions de la semaine :
Film : Don’t look up, un film d’Adam Mc Kay, 2022
Lecture : Les droits de la nature, un nouveau paradigme de protection du vivant, éditions Le Pommier 2022
Image : Rivière Whanganui, Nouvelle-Zélande, devenue sujet de droit en 2017 par une loi du parlement néo-zélandais.
Since the beginning of the 21st century, we have been witnessing a legal upheaval of the Earth on all continents: a progressive recognition of the rights of nature, and an increasingly frequent personalisation of non-human entities, rivers, forest ecosystems, certain plants or animals... This legal shift raises questions for all fields of knowledge. During the residency, the aim is to lay the foundations for a long-term seminar on two research topics: how does nature speak? ( biosemiotics, language, translation of non-humans) and how nature works? (on the political economy to be born from this recognition of the rights of nature).
Camille de Toledo is a writer, artist and doctor in comparative literature. He teaches at the Atelier des écritures contemporaines of ENSAV (Lacambre), in Brussels. He is a laureate of the Villa Medicis (2004) and of the Jan Michalski Foundation for Writing and Literature (2019). In 2008, he founded the European Society of Authors to promote ‘translation as language’. He also writes for opera, «The Fall of Fukuyama» (2013) and for theatre, «An Island», or the diptych «PRLMNT» about the fall of the European Union and the political recomposition through interspecies institutions, where environments, ecosystems will be recognised as subjects of law. His latest novel «Thésée, sa vie nouvelle» (Verdier, 2020) is the winner of the Franz Hessel Prize 2021, awarded by the Villa Gillet and the Genshagen Foundation. His latest essay, «Le fleuve qui voulait écrire» (Ed. les liens qui libèrent, 2021) is a finalist for the environmental book prize awarded by «Le Nouvel Observateur» newspaper.
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