Un nouveau chapitre s'ouvre pour l’Institut d'études avancées de Nantes

Le mois de juin apporte son lot de rencontres, de bilans de l'année écoulée et d'ouverture de perspectives. 

Parmi les dates importantes, le 19 juin se tiendra le festival de la chaire Habiter au prisme des limites planétaires, consacré à l'accompagnement de la redirection écologique des territoires. Et le 25 juin, nous serons heureux de vous accueillir pour la clôture de la résidence 24-25, avec non seulement la mise à l'honneur de nos fellows, mais aussi la présentation du projet scientifique 25-26.
Car un nouveau chapitre s'ouvre pour l’Institut d'études avancées de Nantes...

Vue de la terrasse

Un contexte inquiétant

Les réformes dans les modalités d'accueil dans les Instituts d'études avancées sont devenues nécessaires pour préserver la dynamique de ces lieux si importants et de leurs projets scientifiques dans un contexte inquiétant.

À Nantes, dans la grande vague de mesures d'"économies" réalisée l'hiver dernier par le Conseil régional des Pays de la Loire sur les domaines relatifs à l'action sociale, la culture, la science et tout le domaine associatif, l'Institut a du prendre acte du retrait total de ce partenaire historique. 
Cette décision sans concertation en a engendré une autre de la part d'un autre partenaire également historique : le gel du soutien du SEFRI (Secrétariat d'état suisse à la Formation, la Recherche et l'Innovation). Ces deux fins de financement ont modifié en profondeur les ressources structurelles de l'Institut.

Si l'on ajoute à ces décisions politiques le fait que, partout, encore et toujours, la liberté de recherche subit les assauts du totalitarisme, de l'obscurantisme et du populisme (un exemple effrayant nous est donné avec les attaques portées actuellement aux travaux sur le Coran de l'historien américain John Tolan ou encore dans les démarches du gouvernement Trump pour oblitérer un grand nombre de domaines de recherche jugés inutiles et même indésirables), il apparait tout à fait indispensable de réfléchir en profondeur à la façon de poursuivre la mission de ces lieux privilégiés de science libre. 

C'est ce que fait la grande communauté de l'Institut depuis plus d'un an. Pendant la célébration du 15ème anniversaire de l'Institut, en juin 2024, les conseillers scientifiques et les partenaires ont mené avec l'équipe une session d'intelligence collective consacrée à l'avenir de cette grande maison.

Brainstorm l'Institut dans 5 ans - juin 2024

Des transformations structurelles

De manière structurelle, la direction collégiale, les membres fondateurs (Nantes métropole et Véolia), l'équipe, le conseil scientifique et les administrateurs se sont mis au travail dès novembre 2024 pour rédiger et valider un nouveau projet scientifique ambitieux, tout en modélisant un fonctionnement organisationnel cohérent. Il s'agit de procurer au nouveau projet un accès facilité aux savoir-faire et aux ressources numériques et papier, tout en lui apportant l'agilité dont il a besoin. 

Les travaux de réorganisation consistent en un grand inventaire et en un plan de classement des archives cumulées depuis 15 ans. Un plan de licenciement économique est à l'oeuvre : une grande partie de l'équipe quittera ses fonctions entre le 1er juillet et le 30 septembre, et des propositions de reclassement sont faites pour l'autre partie. 
Il faut saluer ici l'engagement et le professionnalisme des salarié.e.s qui contribuent activement à la préservation et à la passation de leurs missions. Le partage du sens que chacun donne à son travail dans cette maison extraordinaire se traduit par une générosité dans l'écriture de process de travail dans tous les domaines (procédures administratives d'accueil de chercheurs étrangers, gestion financière, assistance à la recherche documentaire, gestion hôtelière, restauration, régie audio-visuelle et informatique...) visant à permettre à la future équipe de travailler sans déperdition d'information. Qu'ils en soient tous et toutes remercié.e.s.

Une partie de l'équipe de l'Institut 2024

Un cycle de transformation

Fort de quinze années d’existence, l'Institut engage un cycle de transformation (2025–2028) destiné à réinventer ses formats d’accueil, ses temporalités et ses partenariats, tout en restant fidèle à ses valeurs fondatrices : interdisciplinarité, ouverture internationale et liberté académique.

Aux résidences individuelles de recherche s’ajoute désormais un accompagnement structuré de projets collectifs pensés à une échelle translocale, au croisement des dynamiques globales et des enjeux du territoire. Ces projets, ancrés dans les grands défis contemporains — habitabilité planétaire, communs, écologies relationnelles, mémoires et récits partagés — réunissent chercheurs, artistes et acteurs de la société civile dans une démarche renouvelée de dialogue et de co-construction des savoirs et de la pensée.

Consolider les coopérations existantes, en initier de nouvelles, et donner forme à un Institut plus agile, attentif à la pluralité des savoirs, aux circulations entre disciplines et aux résonances entre mondes : résolument, l'Institut est et restera un lieu vivant, poreux, traversé par les enjeux du temps présent, où l’on continue de penser autrement — et ensemble ! — les manières d’habiter le monde.

 

Le nouveau format

Le nouvel organigramme sera composé de 4 personnes et d'un grand portefeuille de prestations techniques. 
Sous la direction de Sophie Halart, le nouveau projet scientifique et stratégique sera mis en oeuvre par Caroline Lanciaux en tant que Responsable de projet scientifique et des partenariats, Mélanie Leclair en tant que Coordinatrice scientifique et administrative et d'un.e Responsable administratif et financier.

La forme juridique de l'Institut est également amenée à évoluer pour délaisser le format de fondation reconnue d'utilité publique, à la fois très protecteur mais aussi très contraignant, et refonder l'Institut. Les instances seront donc revisitées à cette occasion, afin de leur donner également une dimension agile et appropriée aux nouveaux enjeux.

Dans ce cadre, un travail de réflexion est actuellement en cours avec le grand EPE (établissement public expérimental) de Nantes Université : pour les penseurs de la transformation de l'Institut, il est impossible d'envisager l'avenir sans une meilleure et indispensable articulation avec l'éco-système de l'enseignement supérieur et de la recherche de la région : avec la Maison des sciences sociales et des humanités Ange-Guépin, bien sûr, mais aussi avec la Fondation Nantes Université, les pôles Humanités et Société de Nantes Université, l'École d'architecture, l'École des Beaux-Arts...

Bien sûr, les différents projets multipartenariaux menés avec le lieu unique, l'agence d'urbanisme de la région nantaise, Keran et tant d'autres acteurs importants du territoire restent fondamentaux dans la nouvelle feuille de route.

En toile de fond enfin, les liens avec le RFIEA, réseau français des Instituts d'études avancées, est primordial. Le renouvellement du vaste projet européen pour l'accueil de chercheurs FIAS est une dimension particulièrement précieuse et la coopération inter-Instituts d'études avancées n'a jamais eu autant de sens.

Séminaire de Luis Mora Rogridguez