Résidents

Alina-Sandra CUCU

Anthropologie historique du travail et de la main-d’œuvre, chercheur indépendant

Période de résidence : Octobre 2021 à juin 2022

Discipline(s) : Anthropologie, Histoire

Pays : Roumanie

Projet de recherche : La réglementation du travail et les antinomies de l’impuissance dans une usine automobile roumaine

Le projet de recherche d’Alina à l’Institut d’études avancées de Nantes en 2021-2022 porte sur trois moments clés de l’évolution de la législation roumaine du travail :


- L’adoption du Code du travail en 1972.
- La mise en œuvre du code du travail de 2003.
- Ses modifications fondamentales en 2011.


Sa recherche s’appuie sur une combinaison d’observations ethnographiques, d’entretiens avec des experts et d’analyses des champs juridiques nationaux, européens et mondiaux pour comprendre l’affaiblissement progressif du pouvoir de négociation des travailleurs en Roumanie. En utilisant l’étude de cas d’une usine automobile dans la ville de Craiova, la recherche d’Alina ouvrira une fenêtre sur les complexités multiscalaires de la législation roumaine du travail et sur la façon dont ses métamorphoses ont été négociées sur le lieu de travail au cours des cinquante dernières années.

Biographie

Alina Cucu est une anthropologue historique du travail et dela main d’œuvre. Ses recherches portent sur l’Europe centrale et orientale. Après avoir obtenu son doctorat à l’Université d’Europe centrale, elle a reçu plusieurs bourses prestigieuses au Max Planck en histoire des sciences (Berlin), au Centre pour le travail et le cycle de vie humain en histoire mondiale, à l’Université Humboldt (Berlin), au New Europe College (Bucarest) et à Goldsmiths, Université de Londres.
Son premier livre, Planning Labour : Time and the Foundations of Industrial Socialism in Romania, a été publié en 2019 par Berghahn Books.


Elle travaille actuellement sur son deuxième projet de livre, Entangled Worlds of Labour : The Advance of Flexible Capitalism in Eastern Europe, qui examine l’incorporation de l’industrie automobile roumaine dans les chaînes de production mondiales depuis le milieu des années 1960.

 

 

Bibliographie

Ouvrages

Planning Labour: Time and the Foundations of Industrial Socialism in Romania (2019), Studies in Social History Series, edited by Marcel van der Linden, New York and Oxford: Berghahn Books.

* 2020 ASEEES Ed A. Hewett Book Prize for Outstanding Publication on the Political Economy of Russia, Eurasia, and/or Eastern Europe: Honorable Mention.

 

Chapitres dans ouvrages collectifs

“It was quiet”: Pandemics as normal life in a Southern Romanian town” (2020), in Corona and Work Around the Globe, edited by Andreas Eckert, Oldenbourg: DeGruyter.

“Why Hegemony Was Not Born in the Factory: Sciences of Labour and Politics of Productivity from a Gramscian Angle” (2020), in Cultural Hegemony in a Scientific World: Gramscian Concepts for the History of Science, edited by Pietro Omodeo and Massimiliano Badiliano, Historical Materialism Series, Leiden: Brill.

“The Impossibility of Being Planned: Slackers and Stakhanovites in Early Socialist Romania” (2020), in Labor in State Socialist Europe after 1945: Contributions to Global Labor History, edited by Marsha Siefert and Susan Zimermann, Budapest: Central European University Press.

 

Articles de journaux

Socialist Accumulation and Its “Primitives” in Romania (2022), International Review of Social History, 1-24, doi:10.1017/S002085902200030X.

“Prolegomena to a New Global Labour History for Eastern and Central Europe” (2020), Historein.

“Producing Knowledge in Productive Spaces: Ethnography and Planning in Early Socialist Romania” (2014), Economy and Society 43, 2: 211-232.

 

FELLOW FOCUS

Le séminaire de résidence de Alina-Sandra Cucu a eu lieu le lundi 9 mai 2022 :
La réglementation du travail et les antinomies de l’impuissance dans une usine automobile roumaine

La présentation explorera les manières complexes dont la diffusion des idéologies et des pratiques qui sous-tendent le capitalisme flexible, d’une part, et la transformation du domaine juridique, d’autre part, ont activement contribué à la création d’une main-d’œuvre bon marché et flexible, et ont entraîné le "déclin du travail" en Roumanie depuis les années 1970. Dans ce but, le séminaire examine quatre moments clés de la trajectoire du droit roumain : la loi du travail socialiste tardive de 1972 ; la première loi post-révolutionnaire sur les syndicats en 1991 ; la loi du travail actuelle, adoptée en 2003 ; et enfin, la loi sur le dialogue social de 2011, assimilée par les syndicats à " la réinvention de l’esclavage " et à " un retour au XIXe siècle ".

La période étudiée marque le départ du fordisme, modèle de croissance qui associait l’organisation tayloriste de la production et la fabrication de masse standardisée à la consommation bon marché, et l’avancée du capitalisme flexible, avec ses mécanismes d’accumulation correspondants, ses formes d’organisation en flux tendu, ses économies de l’impermanence, ses relations sociales fragiles et ses modes de subjectivation dictés par le marché. Adoptant une perspective d’anthropologie historique, la conférence fera le lien entre les transformations économiques mondiales - comme l’avancée du capitalisme flexible dans les régions périphériques et semi-périphériques du monde - et leur impact sur les politiques d’atelier et la vie des gens. S’appuyant sur un engagement ethnographique à long terme avec une communauté d’usine dans le sud de la Roumanie, des recherches d’archives, des histoires de vie avec des travailleurs et des managers, des entretiens avec des experts et une analyse du discours dans le domaine juridique, la présentation retrace les continuités entre le socialisme d’État et le capitalisme, telles qu’elles se manifestent dans la dimension juridique de la flexibilisation, et dans le cadre d’une transformation plus fondamentale du régime du travail en Roumanie.


Ses suggestions pour la semaine :

Film : Pride, réalisé par Matthew Warchus (2014).

Eté 1984 - Alors que Margaret Thatcher est au pouvoir, le Syndicat National des Mineurs vote la grève. Lors de leur marche à Londres, un groupe d’activistes gay et lesbien décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs. Mais l’Union Nationale des Mineurs semble embarrassée de recevoir leur aide. Le groupe d’activistes ne se décourage pas. Après avoir repéré un village minier au fin fond du pays de Galles, ils embarquent à bord d’un minibus pour aller remettre l’argent aux ouvriers en mains propres. Ainsi débute l’histoire extraordinaire de deux communautés que tout oppose qui s’unissent pour défendre la même cause.

Lecture : 

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