14 mai 2013
Conférence

Conférence de Jean-Luc Gréau, essayiste et chroniqueur économique, intitulée "l’Occident prisonnier du système néolibéral" le mardi 14 mai 2013 à 18h00 à l’amphithéâtre Simone Weil (rdc)

La conférence fait suite à la publication de l’ouvrage "La grande récession (depuis 2005)" de Jean-Luc Gréau (Folio).

"Premier constat : les dirigeants économiques et politiques en Occident se sont refusés au diagnostic qu’appelait la grande récession. Deuxième constat : la forte reprise économique espérée n’a pas été au rendez-vous, ni aux Etats-Unis, ni surtout en Europe qui connaît une crise de son système monétaire. Troisième constat : partout dans l’ancien monde développé, les banques centrales pratiquent une fuite en avant qui se matérialise par la distribution discrétionnaire d’argent frais et gratuit à leurs guichets.

1°) Titrisation et collatéralisation ont été les deux mamelles de la crise financière
La titrisation (faculté de revendre sans limites les crédits accordés par les prêteurs) et la collatéralisation (faculté d’adosser les prêts à des garanties telles que les hypothèques, les actions, les warrants) se sont conjuguées pour doper le crédit aux particuliers et aux entreprises. Une véritable mécanique s’est mise en route dans différents pays provoquant les bulles et les booms que l’on sait. Ce sont donc des facteurs objectifs et non subjectifs –avidité et fraude- qui sont au cœur de la crise financière. Ces facteurs n’ont pas été encadrés ou limités : l’Occident a maintenu le modèle financier qui est à l’origine de la crise.

2°) Le système monétaire européen est mis en échec
Une deuxième faille s’est révélée à partir des crises successives des pays dits du Sud de l’Europe. La monnaie unique, pièce maîtresse de l’intégration économique européenne, a joué à l’inverse de ses objectifs, comme un démultiplicateur des divergences. Après une période trompeuse de convergence financière (les emprunteurs du Sud étaient aussi bien traités que les emprunteurs du Nord), différents pays ont avoué leur fragilité. La convergence financière s’est accompagnée de divergences de compétitivité économique. Mais la question de savoir si  la zone euro est viable reste taboue.

3°) Les banques centrales sont acculées à une politique de fuite en avant
Le fait le plus remarquable et préoccupant vient de ce que les banques centrales n’ont pas pu revenir à une politique monétaire « normale ». Elles pratiquent au contraire une sorte de surenchère : Quantitative Easing aux Etats-Unis et en Angleterre, soutien inconditionnel des banques dans la zone euro, explosion de liquidités programmée au Japon. Cette politique de desperados montre, à l’opposé des déclarations des dirigeants politiques, que la crise reste sous-jacente, même en Amérique.

Conclusion
Alors que se dessine la perspective de l’extension de la crise à l’Asie, l’impératif catégorique reste de tenter une révision générale de nos schémas de compréhension."

Jean-Luc Gréau

Notice biographique

Né en 1943, Jean-Luc Gréau est diplômé d’études supérieures en économie. Il a poursuivi trente quatre années durant une carrière de cadre dans les organisations interprofessionnelles représentatives. Entré au CNPF en 1969, il quitte le MEDEF en 2003. Il se consacre depuis lors à une activité d’essayiste et de chroniqueur économique.

Les changements économiques, monétaires et financiers survenus depuis quelque trente ans l’ont conduit à une réflexion qui s’est concrétisée par de nombreuses collaborations à la revue Le Débat à partir de 1988 et à la parution de trois ouvrages dans la collection rattachée à cette revue. Le présent ouvrage, consacré à la récession la plus récente subie par les économies occidentales, constitue la dernière étape de cette réflexion, en continuité avec les trois ouvrages qui l’ont précédé.

Du même auteur chez le même éditeur dans la collection Le Débat :

Le capitalisme malade de sa finance 1998
L’avenir du capitalisme 2005
La trahison des économistes 2008