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04 juillet 2023
Conférence

Colloque international

 

L’ATHÈNES DU QUATRIÈME SIÈCLE EN GUERRE :
À LA SUITE DE CLAUDE MOSSÉ

Un colloque international
4-6 juillet 2023
L’Institut d’études avancées de Nantes (France)

ORGANISATEURS

David M. Pritchard (IEA de Nantes/Queensland)
Ian Worthington (Macquarie)

 

RÉSUMÉ

Les inscriptions sont désormais ouvertes pour L’Athènes du quatrième siècle en guerre : à la suite de Claude Mossé. Ce colloque international se tiendra à l’Institut d’études avancées de Nantes (France) du 4 au 6 juillet 2023. L’affiche du colloque peut être téléchargée dans l’encart sur la gauche de cette page web.

Traditionnellement, les historiens de l’Antiquité ont considéré le quatrième siècle avant J.-C. comme une période de déclin généralisé. C’est Claude Mossé – l’une des figures de proue de la communauté historique française travaillant sur l’Antiquité grecque – qui a fait le plus pour promouvoir cette interprétation. Son ouvrage La Fin de la démocratie athénienne soutenait qu’Athènes ne se serait jamais remise de la guerre du Péloponnèse, sombrant dans une grave crise économique et politique. Mossé a également affirmé que cette crise avait une dimension militaire évidente. Beaucoup plus faible sur le plan militaire, l’Athènes d’après 404 n’aurait pas pu résister aux conquêtes de Philippe II et Alexandre le Grand.

Combinant l’histoire sociale avec la politique, l’approche de Mossé fut réellement innovatrice. Ainsi, ce n’est pas un hasard si, pendant des décennies, La Fin de la démocratie athénienne a façonné la façon dont les historiens de l’Antiquité ont compris l’histoire de l’Athènes du quatrième siècle. Néanmoins, la période la plus récentes a vu une remise en question croissante de cette analyse traditionnelle. Soixante ans après le premier ouvrage de Mossé, les historiens de l’Antiquité s’accordent probablement à dire que « l’Athènes d’après-guerre » s’est rétablie sur les plans économique et politique. Malgré cela, nous ne disposons toujours pas, à ce jour, d’une réévaluation approfondie de la thèse fondamentale de La Fin de la démocratie athénienne a avancé sur les performances militaires de l’Athènes du quatrième siècle. L’objectif de ce colloque international est de entreprendre cette réévaluation. En faisant cela, il abordera le sujet des guerres menées par Athènes après 404 sous un jour complètement nouveau.

Claude Mossé est décédée le 12 décembre 2022 à l’âge de 97 ans. Après La Fin de la démocratie athénienne, elle a publié de nombreux autres ouvrages et elle est devenue une figure pionnière dans l’enseignement de l’histoire antique en France. Jean-Pierre Vernant a lui-même reconnu, à juste titre, Mossé comme l’une des figures de proue de l’École de Paris. Ce colloque est une autre manière de rendre hommage à cette grande historienne française de la Grèce antique.

 

FINANCEMENTS

L’Australian Research Council est le principal financeur de l’Athènes du quatrième siècle en guerre : à la suite de Claude Mossé. Les autres financeurs sont L’Institut d’études avancées de Nantes, l’Estate of the Late Nicholas Anthony Aroney (Australie), Macquarie University (Australie) et the University of Queensland (Australie). 

 

INTERVENANTS

L’Athènes du quatrième siècle en guerre : à la suite de Claude Mossé rassemble des historiens de l’Antiquité de France et du monde entier. Les 23 conférenciers et présidents de séance de ce colloque sont Julien Baldacini (École des hautes études en sciences sociales/Université de Nantes), Paul Cartledge (University of Cambridge), Jérémy Clément (Université Paris Nanterre), Sviatoslav Dmitriev (Ball State University), Marie Durnerin (Université Toulouse–Jean Jaurès), Annabel Florence (University of Queensland), Vincent Gabrielsen (University of Copenhagen), Lucy Jackson (Durham University), Aggelos Kapellos (Academy of Athens/University of Ioannina), James Kierstead (Victoria University of Wellington), Pierre-Emmanuel Lebonnois (Université de Nantes), Lara O’Sullivan (University of Western Australia), Mischa Piekosz (University of Queensland), Isabelle Pimouguet-Pédarros (Université de Nantes), David M. Pritchard (University of Queensland), Dorothea Rohde (Bielefeld University), Hanna Roisman (Colby College), Joseph Roisman (Colby College), Annie Schnapp-Gourbeillon (Université de Paris VIII), Adam Schwartz (University of Copenhagen), Nicholas Sekunda (University of Gdańsk), Lucie Thévenet (Université de Nantes) et Ian Worthington (Macquarie University).

 

INFORMATIONS PRATIQUES

Le colloque se déroulera à l’Institut d’études avancées de Nantes (France). Il commencera le mardi 4 juillet à 10 heures et se terminera le jeudi 6 juillet à 16 heures. L’hôtel officiel du colloque est Apparthôtel Residhome. L’Institut et l’hôtel font partie d’un même ensemble immobilier sur la rive la plus au nord de la Loire à Nantes. L’ensemble se situe au confluent de l’Erdre et de la Loire. L’Institut et l’hôtel se trouvent à 700 mètres au sud de la gare centrale de Nantes et à proximité du célèbre château de la ville. Les frais d’inscription au colloque sont de 160 €. Ces frais comprennent la restauration quotidienne ainsi que le dîner du colloque du mercredi 5 juillet. Apparthôtel Residhome, un hôtel quatre étoiles, propose aux intervenants le tarif préférentiel de 115,40 € par nuitée. Il existe également plusieurs hôtels moins chers, se situant directement au nord de la gare centrale de Nantes. Nantes est à trois heures de train de Paris et possède un aéroport se trouvant à 10 kilomètres au sud du centre-ville. La navette entre l’aéroport de Nantes et sa gare centrale circule toutes les 20 minutes et le trajet coûte 9 €. 

 

THÈME DU COLLOQUE

Les historiens français de l’Antiquité ont été largement responsables de la promulgation de la vision traditionnelle de l’Athènes du quatrième siècle. Ils s’accordaient à dire que cet État avait connu son apogée au cinquième siècle, au moment où il dominait la Grèce sur le plan militaire, avait perfectionné la démocratie et agissait en tant qu’innovateur en matière de culture. À l’opposé de cela, ils avaient du mépris pour l’Athènes du quatrième siècle. Par exemple, Cornelius Castoriadis et Nicole Loraux pensaient qu’après 404, les Athéniens étaient tout simplement incapables de réformes politiques et d’innovation littéraire.

Avant La Fin de la démocratie athénienne, les historiens français avaient situé la raison de ce déclin d’après-guerre dans le domaine politique. Mossé, qui était encore une marxiste traditionnelle dans les années 1960, l’a déplacé dans le champ économique. Sa Fin de la démocratie athénienne soutenait que l’empire du cinquième siècle avait supprimé la lutte des classes qui existait de longue date parmi les Athéniens en attribuant à des milliers d’entre eux des terres agricoles situées outre-mer. Une fois forcés à rentrés chez eux après la défaite, ils grossirent les rangs d’une sous-classe énorme, car la guerre du Péloponnèse avait détruit l’agriculture et l’économie urbaine de l’Attique. D’après Mossé, au fur et à mesure que les Athéniens s’appauvrissaient, ils n’étaient plus disposés à contribuer à la vie publique. La Fin de la démocratie athénienne concluait qu’une nouvelle lutte des classes avait détruit la capacité de la démocratie athénienne du quatrième siècle de résoudre tout problème collectif important. 

Mossé fut probablement la première historienne de l’Antiquité à proposer une analyse exhaustive de l’Athènes du quatrième siècle en guerre. Elle a soutenu que, de manière croissante, les Athéniens auraient refusé de servir dans les forces armées, laissant le combat à des mercenaires. Ils auraient également refusé de lever l’impôt à l’intérieur de la cité pour financer ces troupes étrangères, préférant exploiter les États grecs au sein de leur nouvelle ligue. Le peuple athénien aurait autorisé ses généraux à se livrer à la piraterie et au pillage, ce qui, pour l’État, aurait rendu plus difficile la création de coalitions militaires durables. En demandant aux généraux d’agir de manière plus indépendante, l’Athènes du quatrième siècle aurait fini par perdre tout contrôle sur eux. La Fin de la démocratie athénienne concluait que les Athéniens de l’après-guerre n’auraient plus été en mesure de déployer ni flottes ni armées efficaces. Pour Mossé, il n’était guère étonnant que les Athéniens aient fini par échouer à arrêter la conquête du monde grec par les Macédoniens.

Les études réalisées au cours des dernières décennies a remis en question la conception traditionnelle de l’Athènes de l’après-guerre. Désormais, il apparaît clairement que la guerre du Péloponnèse a eu beaucoup moins d’impact sur les économies rurale et urbaine. Les Athéniens du quatrième siècle n’étaient pas moins attachés à la mise en place de réformes politiques et d’innovations culturelles. Il est vrai que cette nouvelle historiographie défie également des éléments de l’analyse des guerres menées par Athènes faite par Mossé. Leonhard Burckhardt montre que les Athéniens d’après 404 continuaient à servir régulièrement dans les forces armées. Philip Harding a établi que l’Athènes du quatrième siècle était vite devenue une puissance militaire régionale. George Cawkwell a confirmé qu’elle était tout à fait en mesure de déployer des flottes efficaces. Malgré ces nouveaux résultats, nous ne disposons toujours pas d’une réévaluation approfondie des capacités militaire de l’Athènes du quatrième siècle. L’objectif de notre colloque est de dresser un tableau détaillé de ce bilan militaire.

L’Athènes du quatrième siècle en guerre : à la suite de Claude Mossé se penche sur les réformes que le peuple athénien a adoptées en rapport avec ses différentes branches militaires. Il analyse également l’efficacité de chacune de ces branches en campagne. Adam Schwartz l’entreprend pour les hoplites, Jérémy Clément pour les cavaliers, Vincent Gabrielsen pour les marins et Nick Sekunda pour les soldats armés à la légère.

Le colloque réexamine également une série d’aspects généraux des guerres athéniennes après 404. Mossé a critiqué les Athéniens du quatrième siècle de ne pas avoir suffisamment agi dans le but d’assurer un contrôle sur leurs généraux. Joseph Roisman et Aggelos Kapellos examinent cette relation cruciale du type « principal-agent » après la guerre du Péloponnèse. À vrai dire, l’Athènes d’après-guerre a réformé à plusieurs reprises son financement de la guerre. En se concentrant sur les années 370, Annabel Florence réévalue l’efficacité de ces réformes. L’Athènes du cinquième siècle avait construit des fortifications sans précédent et elle était aussi alors la puissance qui menait les plus importantes opérations de siège du monde grec. Julien Baldacini se demande si Athènes a maintenu cette capacité après 404.

Le colloque s’interroge aussi sur la manière dont l’Athènes de l’après-guerre se comporta dans des guerres spécifiques. Marie Durnerin se penche de nouveau sur ce qu’Athènes a tiré de la guerre de Corinthe. Il existe toujours un débat pour savoir si l’Athènes du quatrième siècle exploita les membres de sa seconde ligue davantage ou moins qu’elle ne l’avait fait à l’époque de l’empire du siècle précédent. Pour résoudre ce débat, Svatoslav Dmitriev se focalisera sur les guerres athéniennes des années 360 et 350. À en croire Mossé, le fait de ne pas avoir su arrêter Philippe II était la preuve définitive de l’échec militaire de l’Athènes de l’après-guerre. Cependant, d’autres historiens de l’Antiquité ont soutenu qu’aucune cité-État grecque n’aurait jamais pu arrêter l’État beaucoup plus vaste que Philippe II avait habilement créé. Ian Worthington tranche au sujet de ce débat central sur la Grèce du quatrième siècle. Pour ce faire, il focalise son attention sur les guerres menées par les Athéniens dans les années 350 et 340. Lara O’Sullivan, quant à elle, analyse de près la manière dont les Athéniens se comportèrent durant la guerre lamiaque des années 320. 

Les guerres menées par les Athéniens après 404 ne l’ont pas été dans le vide. En guise de conclusion, l’Athènes du quatrième siècle en guerre : à la suite de Claude Mossé explore les résultats atteints par cette cité-État dans d’autres domaines. Après la guerre du Péloponnèse, les Athéniens ont mis en place une quantité considérable de réformes politiques et économiques. James Kierstead se demande si le dessein de ces réformes politiques était de rendre la démocratie plus ou moins démocratique. Pour sa part, Dorothea Rohde s’interroge sur le rôle joué par les réformes économiques dans le rétablissement économique général d’Athènes suite à la guerre du Péloponnèse. L’historiographie française a tout particulièrement interprété la mauvaise qualité supposée de la littérature athénienne du quatrième siècle comme une preuve supplémentaire d’un déclin généralisé. Lucy Jackson montre comment les poètes comiques et tragiques ont, de manière générale, continué d’être innovants après 404, pendant que l’art oratoire se développait à une vitesse impressionnante.

L’Athènes du quatrième siècle en guerre : à la suite de Claude Mossé est aussi une occasion de se pencher sur l’héritage d’une véritable figure de proue de l’historiographie française de la Grèce antique. Les deux conférenciers intervenant à la fin du colloque examinent l’héritage plus général de Claude Mossé. Annie Schnapp-Gourbeillon pose la question de son rôle central au sein de l’École de Paris et de son travail pionnier en tant qu’enseignante d’histoire de la Grèce antique. Paul Cartledge propose une réévaluation de l’analyse de la démocratie athénienne faite par Mossé.

 

 

Légende de la photo : Des soldats australiens visitent le Parthénon sur l’Acropole d’Athènes quelques semaines avant l’invasion allemande de la Grèce en avril 1941. Photo prise par George Silk. Canberra, Mémorial australien de la guerre, n° d’acc. 006793.