Écrivain et intellectuel libanais de renommée internationale, Elias Khoury (1948-2024) fut membre associé de l’Institut d’études avancées de Nantes. Engagé tout au long de sa vie en faveur de la Palestine et des causes de la justice, il a marqué la littérature arabe contemporaine par une œuvre profonde, sensible et politique. Une journée d’études lui a été consacré le 2 octobre 2025 à l’IREMAM (Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans, Aix-Marseille Université / CNRS), en hommage à sa pensée et à son héritage intellectuel.
Auteur d’ouvrages majeurs tels que La Porte du Soleil (Bāb al-Shams) ou Les Enfants du ghetto. Je m’appelle Adam, Elias Khoury a su faire de la littérature un espace de résistance, de mémoire et de réflexion critique sur l’histoire et l’avenir de la Palestine. Son œuvre, traduite dans de nombreuses langues, a contribué à internationaliser les voix palestiniennes et à interroger les récits dominants.
Elias séjourna à plusieurs reprises à l’Institut et y développa, en collaboration avec son ami le sociologue israélien Yehouda Shenhav-Sharabani un projet de recherche autour du travail de littérature et de traduction dans les zones de conflits et d’oppression coloniale. Son passage à l'Institut demeure un moment fort de dialogue intellectuel, fidèle à l’esprit de l’institut qui accueille chaque année des chercheurs et écrivains du monde entier.

PROGRAMME DE LA JOURNÉE D’ÉTUDE
14h00 - 15h30 - Atelier de lecture autour du roman d’Elias Khoury : Les enfants du ghetto. Je m'appelle Adam (Ismī Adam), Actes Sud/Sindbad (2018). Publié en arabe en 2016 par Dar al-Adab (Beyrouth), le roman a été traduit en français par Rania Samara aux éditions Actes Sud/Sindbad en 2018 (368 p.).
La séance prendra la forme d’un club de lecture, ou d’une discussion informelle, en français et en arabe. Elle sera animée par Susanne Abou Ghaida, chercheuse associée à l’IREMAM.
15h30 - 15h45 : pause
15h45 : mots du directeur de l’IREMAM, Vincent Geisser
15h45 - 18h00 - Table ronde - Décoloniser les savoirs produis sur la Palestine avec Elias Khoury
Modération et discussion : Richard Jacquemond
- Yousef ALQEDRA – « Réflexions sur l’identité et la mémoire »
Yousef Alqedra, poète et chercheur en littérature arabe, lauréat du programme Pause qui met les universitaires en danger à l’abri, est arrivé à Marseille fin avril 2025. Lors d'un entretien avec Gwenaelle Lenoir pour Mediapart, il explique ce que la guerre génocidaire fait au langage et aux mots.
- Raef ZREIK (en anglais) – “Scheherazade: Elias Khoury Overcoming Guilt”
Pour Elias Khoury, qui était posé à l'égard des mots et sceptique envers l'écriture, la véritable réalité réside dans l'action ! Au point de ressentir une certaine culpabilité d'être un écrivain qui joue avec les mots ! Par moments, il était également sceptique vis-à-vis des actions. Shéhérazade représentait la solution pour Khoury.
Raef Zreik, juriste et philosophe palestinien, est spécialiste en philosophie politique et en philosophie du droit. Ses travaux portent sur des questions de théorie juridique et politique, ainsi que sur les enjeux de citoyenneté et d’identité, le sionisme et la question palestinienne. Ses nombreuses publications dans ces domaines sont parues dans des ouvrages collectifs ainsi que dans des revues juridiques et interdisciplinaires. Parmi ses publications récentes : “The Ethics of the Intellectual” (Philosophy and Social Criticism, 2020), “War and Self-defense” (dans Analyse und Kritik, 2024), “Zionism and Political Theology” (dans la revue Political Theology, 2023), et une monographie Kant’s Struggle for Autonomy (Lexington Books, 2023).
- Sadia AGSOUS - « Lorsque Elias Khoury ancre la littérature arabe dans la grammaire du récit de la Nakba al-moustamira »
Sadia Agsous-Bienstein est maîtresse de conférences à l’université Sorbonne-nouvelle, spécialiste en études culturelles dans la région du MENA avec des travaux ancrés en langues, littératures et cultures arabes et hébraïques-israéliennes. Ses recherches s’intéressent également à la traductologie et à la pensée arabe moderne pour investir les relations juives-arabes en Palestine et les archives culturelles palestiniennes pré-1948. Son dernier ouvrage prend comme objet les Palestiniens en Israël. Elle y examine le roman palestinien en hébreu pour le repositionner au sein de la littérature de résistance telle qu’élaborée par l’écrivain et intellectuel palestinien Ghassan Kanafani. Intéressée par l’histoire intellectuelle de l’espace arabe et plus particulièrement dans le cadre des relations juives-arabes, son prochain ouvrage s’intéresse aux intellectuels et écrivains de l’espace arabe et à leur approche face à l’antisémitisme européen et à la Shoah.