Résidents

Lakshmi SUBRAMANIAN

Histoire, Centre for Studies in Social Sciences, Inde

Période de résidence : Janvier à Mars 2019 en tant que Membre associé (résidence précédente : Janvier à Mars 2018 et Octobre à Décembre 2016)

Discipline(s) : Histoire

Spécialité(s) : Histoire moderne et contemporaine de l’Inde

Pays : Inde

Projet de recherche (1) : "La vie sociale de la confiance : crédit, crise et contrat dans une perspective historique et comparative"

Le projet entend entreprendre une compréhension longitudinale de la pratique commerciale et de son contexte changeant et amorcer un dialogue indispensable entre l’histoire et d’autres disciplines telles que l’anthropologie économique et le droit, autour des questions de la pratique commerciale et de sa localisation sociale et institutionnelle. L’ambition principale du projet est de considérer le langage, la logique et les limites de la réciprocité et de la confiance, une caractéristique qui est généralement flagrante de par son absence. Si le cas d’étude spécifique qui alimente le projet est celui de l’Asie du Sud, une région où l’expérience de l’ancien pouvoir colonial a tenté de construire un « Homme indien économique » approprié et un sujet de droit, le projet vise à générer des interactions avec d’autres régions du monde, à regarder de près des travaux récents qui ouvrent la relation entre la religion et le commerce et les échanges interculturels, à considérer comment le comportement social a été rendu prévisible et répétitif et comment les lois et coutumes liaient les différents réseaux de manière parfois inattendue.

Projet de recherche (2) : « "Song Sung True" : Jouer la Nation après l’indépendance »

À bien des égards, le travail déjà réalisé avec Janaki Bakhle et Amanda Weidman a aidé à former pas plus tard qu’en 2005 un nouveau domaine dans l’histoire de la musique en Inde, en adoptant une approche multidisciplinaire. Rendre la musique classique dans le cadre d’une mission nationaliste, les implications sociales de ce projet et la marginalisation de genres et de communautés s’inscrivaient dans un engagement renouvelé avec des idées liées au pouvoir et à l’exclusion, à la loi et à la réforme sur l’identité sexuelle et la sexualité. Ayant été très impliquée dans le développement de ce projet, Lakshmi Subramanian est désireuse de le faire évoluer dans le contexte du public changeant dans l’Inde après son indépendance, au moment où les régions et les états ont commencé à articuler leurs enjeux autour de nouvelles formes d’identité et de classicisme. Une grande partie de la nouvelle politique était impliquée dans une réévaluation des préoccupations linguistiques, des pratiques des castes et des nouvelles possibilités offertes par des institutions comme la radio et la télévision, et ne faisait pas forcément que réaffirmer la rhétorique qui avait captivé l’imagination nationale. Le projet vise ainsi à engager des conversations sérieuses avec des praticiens et des chercheurs qui explorent la matérialité de la pratique musicale, ainsi qu’avec ceux qui regardent les enjeux de citoyenneté dans un contexte décolonisé. Un travail très important a été fait en Europe, plus particulièrement en France, sur la musique indienne et sur les nouveaux défis auxquels a été confrontée sa pédagogie, Lakshmi Subramanian tient donc à faire dialoguer ces chercheurs autour du travail actuellement réalisé en Inde, au Sri Lanka, au Bangladesh et en Asie du Sud-Est, afin de réfléchir à des questions de politique, d’interprétation et de représentation.

Projets de recherches précédents

Projet de recherche (1) : "Confiance, Droit et Pratiques commerciales en Asie du Sud : une perspective historique"

Le fondement sous-jacent de ce projet est de penser de façon structurée et novatrice l’idée de confiance ancrée dans la tradition européenne et perçue, à l’extérieur de l’Europe, comme une promesse de modernité. Il s’agit d’explorer la notion de confiance dans des sociétés non européennes, en particulier en Asie du Sud où une longue tradition de pratiques marchandes et commerciales s’est établie basée sur des liens de réciprocité. Néanmoins, ces notions ne figurent pas dans les normes de compréhension des entreprises et des commerces indiens, d’une part à cause de la façon dont le savoir colonial a participé à la reconstitution de comportements économiques peu fiables et déloyaux et d’autre part du fait de la perte de vitesse de l’activité commerciale indienne dans le secteur formel. Pourtant, les hommes d’affaires indiens ont travaillé au paroxysme de l’impérialisme, régulé et fait fonctionner le marché intermédiaire ou le bazar et se présentaient comme des hommes de confiance et de bonne réputation en matière de solvabilité. Il semblerait donc déplacé de négliger les principes et les dynamiques qui ont façonné les opérations commerciales et entrepreneuriales qui s’articulaient autour d’importantes pratiques de tenue de compte, de partage des risques et de médiation commerciale. Ce projet vise à aborder la confiance et la bonne pratique selon une perspective historique : le début de l’ère moderne entre la fin du XVIIème et la fin du XVIIIème siècle, la période du régime colonial officiel et l’ère postcoloniale en Inde qui représente une vaste proportion d’activité commerciale et industrielle.

Projet de recherche (2) : "L’impératif scientifique : les discours sur la musique dans le Sud de l’Inde du XXème siècle"

Ce deuxième projet examine un ensemble d’écrits musicaux du sud de l’Inde et questionne le choix de leur méthodologie scientifique. Pourquoi une telle exigence impérieuse? Comment et pourquoi les scientifiques sont-ils intervenus dans la pratique discursive qui a accompagné la classicisation de la musique? Qu’est-ce qui, dans la méthodologie émergente d’enseignement et d’évaluation, est censé permettre une compréhension objective de la pratique artistique plutôt que de simplement l’encadrer dans un modèle d’expérience subjective? Ce projet étudie un ensemble d’œuvres de musiciens, musicologues et scientifiques tels que C.S. Ayyar and C.V. Raman dont les travaux sur la physique du son ont été marquants et influents.

Biographie

Lakshmi Subramanian a mené son premier cycle universitaire à l’Université de Calcutta, où elle a reçu un master d’histoire avec mention avant d’obtenir son doctorat en histoire à l’Université de Visva-Bharati (Inde) sous la direction du Docteur Ashin Dasgupta. Par la suite, elle a reçu plusieurs bourses d’études afin de mener ses recherches à l’international : au Royaume-Uni, à Singapour, en Australie et en Afrique du Sud (bourse postdoctorale Mellon). Elle a enseigné dans diverses universités en Inde, en Afrique du Sud, en Pologne, en Allemagne et a travaillé en tant que professeure-chercheure au sein du Centre d’études en sciences sociales de Calcutta ces sept dernières années. Elle est l’auteure de plus de six ouvrages de référence sur l’histoire économique et culturelle de l’Inde. Ses principaux intérêts de recherche portent sur les réseaux économiques et sociaux à travers l’Océan indien, les histoires de prédation et l’histoire sociale de la musique dans le sud de l’Inde moderne.

Bibliographie sélective

SUBRAMANIAN, Lakshmi« A Sad Song of Musical Censorship in India and Pakistan », Huffington Post, déc. 2016.

SUBRAMANIAN, Lakshmi, « Parsi Traders in Western India, 1600-1900 », Oxford Research Encyclopedia en ligne, 2017.

SUBRAMANIAN, Lakshmi, Three merchants of Bombay, Penguin, India, 2012.

SUBRAMANIAN, Lakshmi, A history of India 1707-1857, Orient Blackswan, Delhi, 2010.

SUBRAMANIAN, Lakshmi, Veena Dhanammal The making of a legend, Routledge, 2009.

SUBRAMANIAN, Lakshmi, Ports, towns and cities: A Historical tour of the Indian littoral, Marg, Mumbai, 2008.

SUBRAMANIAN, Lakshmi, New Mansions for Music Performance, Pedagogy and Criticism, SSP- Orient Longmans, Delhi, 2008.