Résidents

Ana-Maria ZAHARIADE

Architecture, Université d’Architecture et d’Urbanisme Ion Mincu, Bucarest, Roumanie - Chaire Université de Nantes

Période de résidence : octobre 2011 à juin 2012

Discipline(s) : Architecture et urbanisme

Pays : Roumanie

 Projet de recherche :

«Hommage à Vitruve : enquête sur l’héritage esthétique dans la théorie de l’architecture»

Le projet a pris forme en partant de deux directions. D’une part, il est lié à une recherche plus large sur l’élaboration théorique du beau dans les traités d’architecture. Plus que d’autres théories de l’art, ces traités présentent une inertie étonnante à cet égard ; ils restent figés dans une structure rigide, où un « registre esthétique » expose une conception plutôt unilatérale. Cette étroitesse théorique - que ma recherche tente d’interroger - peut être soupçonnée, non sans raisons, de tributaire de l’antique De Architectura Libri decem de Vitruve, référence incontournable dès la Renaissance. Peut-on vraiment tenir Vitruve pour responsable du manque de souplesse qui caractérise la théorisation du beau en architecture ?
Cette question a acquis une relative autonomie à l’intérieur de la recherche. Plus je relis les Dix livres, plus les idées de Vitruve sur la beauté architecturale me semblent plus riches, plus souples et plus architecturales que leur postérité ; le Vitruve de l’antiquité semble diffèrent du Vitruve que les théoriciens qui l’on suivi ont voulu voir en lui. Du point de vue de l’architecte, je poursuis l’hypothèse que, dans une certaine mesure, les dix livres ont été lus, traduits et interprétés en utilisant en quelque sorte, « une clé » impropre aux intentions de leur auteur : certaines idées ont été déformées, d’autres oubliées, des ambiguïtés ont été transformées en normes, des doutes en certitudes... ; d’autres ont fleuri de manière inattendue... La tentative de voir la beauté architecturale « par ses yeux » est l’hommage que je souhaiterais rendre à Vitruve.
Ainsi, j’espère que les deux directions menant à la recherche du beau dans la théorie de l’architecture pourraient se compléter réciproquement. Peut être, cela servirai aussi au discours contemporain, qui a presque banni le beau de son vocabulaire. Est-ce qu’il a réellement perdu toute actualité en architecture ?

 

Eléments biographiques :

Dr. Ana Maria Zahariade enseigne la théorie de l’architecture et dirige des thèses de doctorat à l’Université d’Architecture et d’Urbanisme « Ion Mincu ». Elle a été profondément impliquée dans la modernisation post-1989 de l’enseignement roumain dans le domaine architectural. Indépendamment et à travers différents concours nationaux et internationaux (Getty, Getty-NEC, CNCSIS, RAU), elle a poursuivi des recherches théoriques dans de nombreuses directions : la Roumanie et le modernisme est-européen, l’architecture roumaine pendant et après le communisme, le logement et la réhabilitation des logements, ainsi que les concepts esthétiques dans la théorie de l’architecture. Elle a contribué à divers événements scientifiques nationaux et internationaux, et a participé à des jurys, des comités, des équipes de conservation de patrimoine... etc Elle a publié de nombreux articles dans des revues d’architecture et dans des volumes collectifs en Roumanie et à l’étranger. Elle est l’auteur, co-auteur et a coordonné un certain nombre de livres sur l’architecture. Les deux derniers titres qu’elle a publiés sont Symptoms of Transition (bilingue, deux volumes, Arhitext Design, 2009, 2010) et Architecture in the Communist Project. Romania 1944-1989 (bilingue, Simetria, 2011). Elle est récipiendaire de deux prix nationaux pour ses publications et son activité de conservateur du patrimoine (en 1998 et 1999) et du Prix Herder 2003 (Alfred Toepfer Fondation et l’Université de Vienne) pour son travail théorique et son activisme culturel. Ana Maria Zahariade vit et travaille à Bucarest, en Roumanie.