Résidents

Jocelyn OLCOTT

Histoire, université Duke, États-Unis

Période de résidence : Octobre 2017 à Juin 2018

Discipline(s) : Histoire

Pays : Etats-Unis

Projet de recherche : La révolutionnaire de la Révolution : Concha Michel et la question de la maternité au Mexique

La chanteuse folk et ancienne communiste, Concha Michel, est un sujet idéal pour ce que certains intellectuels ont nommé « la nouvelle biographie », qui explore à la fois les rapports entre structures et cultures, ainsi que les différentes manières qu’empruntent les individus pour s’affermir en tant que sujet fragmenté, cherchant souvent à imposer une cohérence narrative à leur propre vie. Concha Michel, comme de nombreux autres personnages de la nouvelle biographie, était une personnalité exceptionnelle dont le récit de vie illumine l’univers d’autres acteurs moins enclins (par tempérament ou statut) à laisser leurs traces dans les archives. L’histoire de sa vie, qui va de la dernière décennie du XIXe siècle à la dernière décennie du XXe siècle, ouvre une voie privilégiée pour étudier l’ambivalence répandue au Mexique vis-à-vis de la réification du travail de subsistance et de la culture populaire, qui découle des efforts en vue de la modernisation du pays. On peut y voir comment les transformations de la pensée politiques et économiques — du libéralisme de la fin du XIXe siècle au nationalisme populiste post révolutionnaire, des politiques de modernisation de la moitié du XXe siècle à la théorie marxiste de la dépendance dans l’après 68, jusqu’au néolibéralisme de la fin du XXe siècle — reposaient sur des présupposés relatifs au travail gratuit ou sous-payé dans la reproduction sociale et culturelle. Dans le contexte mexicain, ces débats étaient inévitablement liés aux conceptions de l’indigénéité et du métissage. La célébrité de Concha Michel à la fin de sa vie, notamment dans les années 1970-80 parmi la « nouvelle vague » de féministes, permet d’enquêter sur l’attrait du féminisme maternaliste, non pas en tant que variante plus traditionnelle de ses pendants libéraux et radicaux, mais plutôt comme refus plus radical du néolibéralisme, offrant ainsi une critique plus globale que celle, par exemple, fondée sur la pensée marxiste. Le récit de la vie de Concha Michel, bien que parcouru de contradictions et d’incohérences, comme le sont d’ailleurs tous les récits de vie, se présente comme un véhicule narratif idéal pour parcourir ces questions à une échelle humaine.

Biographie

Jocelyn Olcott, professeure agrégée d’histoire du genre, de la sexualité et d’études féministes à l’Université Duke, est l’auteure de Revolutionary Women in Postrevolutionary Mexico, de International Women’s Year : The Greatest Consciousness-Raising Event in History et co-rédactrice en chef avec Mary Kay Vaughan et Gabriela Cano de Sex in Revolution : Gender, Politics, and Power in Modern Mexico. Récemment elle a repris un projet qu’elle médite de longue date : une biographie de la chanteuse folk et activiste mexicaine Concha Michel. Elle a publié de nombreux articles dans le Journal of Women’s History, la Revue historique hispano-américaine, les revues Gender & History et International Labour and Working Class History, ainsi que de nombreuses contributions dans des recueils de textes. Elle a également été rédactrice en chef du Hispanic American Historical Review (2012-17), ainsi que membre des comités de rédaction de plusieurs autres revues. Elle est titulaire d’une licence en droit de l’Université de Princeton ainsi que d’une maîtrise et d’un doctorat de l’Université de Yale.

Bibliographie sélective

OLCOTT, Jocelyn. International Women’s Year: The Greatest Consciousness-Raising Event in History. New York: Oxford University Press, forthcoming 2017.

OLCOTT, Jocelyn. “Transnational Feminism: Event, Temporality, and Performance at the 1975 International Women’s Year Conference.” In Cultures in Motion, edited by Daniel T Rodgers, Bhavani Raman and Helmut Reimitz. Princeton: Princeton University Press (2013), 241-66.

OLCOTT, Jocelyn. “A Happier Marriage?: Feminist History Takes the Transnational Turn.” In Making Women’s Histories: Beyond National Perspectives, Pamela Nadell and Katherine Haulman, eds. New York: New York University Press (2013), 237-258.

OLCOTT, Jocelyn. “‘Take Off That Streetwalker’s Dress’: Concha Michel and the Cultural Politics of Gender in Postrevolutionary Mexico.” Journal of Women’s History 21:3 (Fall 2009), 36-59.

OLCOTT, Jocelyn. Revolutionary Women in Postrevolutionary Mexico. Durham: Duke University Press, 2005