Résidents

Kazumichi HASHIMOTO

Université de Waseda, Japon

Période de résidence : Octobre 2021 à juin 2022

Discipline(s) : Epistémologie

Pays : Japon

Projet de recherche : Des abeilles au bétail : les animaux sociaux dans l’histoire des pensées occidentales

Les sociétés humaines sont souvent comparées aux groupes d’animaux dans de nombreuses cultures et, en Occident, ce sont les abeilles, admirées pour leurs conduites altruistes, qui ont joué un rôle privilégié en tant que représentation d’une telle société. Or, dans les temps modernes, ce type de représentation animale décline. Une séparation stricte a été établie entre les humains et les animaux, ces derniers placés du côté des « choses » par les individus égaux entre eux dans leur statut de propriétaires. L’idéal de la société cesse d’être professé en vocabulaire animalier. À la fin du XIXe siècle, cependant, les discussions sur le darwinisme social ou sur la génétique retrouvent les groupes d’animaux comme origine de la société humaine. En repositionnant ces discussions dans la généalogie liée aux abeilles d’une époque antérieure, cette étude montre le changement décisif de la représentation de la société à la fin du XIXe siècle : ce ne sont plus les « individus », mais le « bétail », qui composent la société humaine.

Biographie

Kazumichi Hashimoto est né en 1974 à Tokyo. Après avoir fini son mémoire de DEA au Centre François Viète d’épistémologie et d’histoire des sciences et des techniques de l’Université de Nantes, il a déposé sa thèse de doctorat portant sur l’histoire du système de l’identification humaine par les empreintes digitales, à l’Université de Tokyo en 2010. Cette thèse a abouti à sa première publication, toujours en 2010, intitulé Shimon-ron (Traité sur les empreintes digitales). Il enseigne à la faculté des lettres, des arts et des sciences de l’Université Waseda de Tokyo, d’abord comme maître de conférences depuis 2012, puis comme professeur depuis 2017. Il a traduit nombreux ouvrages français en japonais, dont Homo Juridicus d’Alain Supiot (co-traduit avec Sayaka Dake) et Images malgré tout de Georges Didi-Huberman.

 

Bibliographie

Kazumichi Hashimoto, “An Unfaithful Trace: A History of “Life-size” Photography,” Bilder als Denkformen : Bildwissenschaftliche Dialoge zwischen Japan und Deutschland, Berlin, De Gruyter, 2020 (forthcoming).
Alain Supiot, L’esprit de Philadelphie, (Tranlated by Kazumichi Hashimoto into Japanse), Tokyo, Keiso-shobo, 2019.
Kazumichi Hashimoto (ed.), Tasha to shiteno Canibalism (Canibalim as the Other), Tokyo, Suiseisha, 2019.
Alain Supiot, Homo Juridicus, (Translated by Kazumichi Hashimoto with Sayaka Dake into Japanese), Tokyo, Keiso-shobo, 2018.
Kazumichi Hashimoto, « Les empreintes digitales d’un fantôme », Hippocampe, 2018, pp. 85-86.
Kazumichi Hashimoto, « Un double fétichisme dans la photographie », Rilas Journal, 2018, pp. 485-499.
Jean-Noël Missa, Pascal Nouvel (éd.), Philosophie du dopage, (Translated by Kazumichi Hashimoto into Japanese), Tokyo, Shinyosha, 2017.
Kazumichi Hashimoto, « “Debunking”, ou le nouvel enjeu de la retouche photographique à l’ère numérique, Rilals Journal, 2017, pp. 416-422.
Kazumichi Hashimoto, Shimon Ron (Study for the Fingerprints), Tokyo, Seidosha, 2010.
Kazumichi Hashimoto, « Des empreintes de pas aux empreintes digitales: l’identification humaine et la médecine légale française au XIXe siècle », Study of the 19th Century Scholarship, No. 3, 2009, pp. 131-143.
Kazumichi Hashimoto, « Former des adultes : la formation des policiers en France à la fin du XIXe siècle », Philosophie et Education II (UTCP Booklet 10), pp. 11-19.
Georges Didi-Huberman, Images Malgré Tout (Tranlated by Kazumichi Hashimoto into Japanse), Tokyo, Heibonsha, 2006

FELLOW FOCUS

FELLOW FOCUS

Le séminaire de résidence Kazumichi Hashimoto a eu lieu le lundi 24 janvier 2022 :

L’animal social/l’homme bestial : l’altruisme des abeilles et l’évolution moderne de l’image de la société.

Suggestions de la semaine :

Film : La vérité, de Hirokazu Kore-eda, 2019. Fabienne, icône du cinéma, est la mère de Lumir, scénariste à New York. La publication des Mémoires de cette grande actrice incite Lumir et sa famille à revenir dans la maison de son enfance. Mais les retrouvailles vont vite tourner à la confrontation : vérités cachées, rancunes inavouées, amours impossibles se révèlent sous le regard médusé des hommes. Fabienne est en plein tournage d’un film de science-fiction où elle incarne la fille âgée d’une mère éternellement jeune. Réalité et fiction se confondent obligeant mère et fille à se retrouver...

Lecture: Keiko SASAOKA, Remembrance: Sanriku, Fukushima, 2011-2014, Tokyo, Shashinkoenrin, 2021.

Bien qu’elles soient prises en zones sinistrées, les photos de Keiko Sasaoka ne montrent pas d’images choquantes ou scandaleuses. A travers des paysages presque toujours déserts, parfois avec des ouvriers engagés dans des travaux de décontamination, Sasaoka retrace un chemin qui nous ramènerait à la vie quotidienne. Ce processus quasi-optimiste a son envers : l’oubli progressif de la catastrophe. Originaire d’Hiroshima, Sasaoka a déjà photographié sa ville natale, transformée en « Park City », destination favorite du tourisme noir (dark tourism), pour faire revivre des souvenirs submergés (cf. Keiko Sasaoka, Park City, 2009). A Fukushima, dix ans après la catastrophe, de nombreux parcs commémoratifs sont construits comme symboles de la reconstruction. Accompagnée d’oubli, cette reconstruction peut-elle empêcher la catastrophe de se répéter ? Les photographies de Sasaoka résistent à cette répétition silencieusement.

 

Image :  Finger Prints, Francis Galton