Résidents

Charles-Didier GONDOLA

Histoire, Indiana University - Purdue University Indianapolis, USA - Lauréat EURIAS

Discipline(s) : Histoire

Pays : Etats-Unis

 

 

Période de résidence : septembre 2011 à juin 2012

Projet de recherche :

«Cowboys sous les tropiques : jeunesse, culture populaire et masculinité à Kinshasa à l’ère coloniale»

Dans les années 1950, une certaine idée de l’»Ouest» (américain) a balayé les townships africains de Kinshasa comme un feu sauvage. Ce phénomène a influé la socialisation des jeunes, la construction de la masculinité, l’émergence des cultures populaires, et même l’évolution politique du Congo.

Au cours de la décennie tumultueuse de la décolonisation du Congo, plusieurs bandes de jeunes, qui s’appelaient eux-mêmes les Bills (comme dans Buffalo Bill, leur héros éponyme), se sont formées dans la plupart des cantons de Kinshasa, en particulier dans les franges les plus reculées de la capitale tentaculaire. Ils avaient une chose en commun, leur fascination pour les films de cow-boy, qui étaient devenus l’industrie de base dans les salons de film de fortune à travers les cantons de Kinshasa. Classiques scènes d’attaques indiennes, luttes internes parmi les pionniers, reparties paillardes, plaisanteries grivoises, personnages féminins exubérants qui, néanmoins, sont en proie aux hommes lubriques, des histoires de trahison et de bravades, des méchants et des héros qui s’affrontent dans la frontière du non-droit, sont quelques-unes des scènes qui infusaient l’indiscipline dans l’esprit de ces jeunes spectateurs et les invitaient à rejouer dans les régions tropicales l’effervescence et l’agitation de l’Ouest américain.

L’un des principaux objectifs de ce projet est de démontrer que l’étude des cultures populaires peut éclairer la façon dont les changements sociaux systémiques se produisent, comment les cultures de masse sont utilisées pour définir une politique, et comment ils peuvent finalement être cooptés par l’Etat pour aider à maintenir le statu quo politique et social. Mon projet est aussi ancré sur l’hypothèse que la masculinité est une construction sociale, normative, et multiforme qui a permis aux sociétés de créer et de contrôler les frontières entre les différents espaces de genre et de générations.

 

Eléments biographiques :

Ch. Didier Gondola est Professeur d’histoire de l’Afrique et des études afro-américaines à Indiana University, Indianapolis. Il est l’auteur de plusieurs articles sur les migrations en Afrique centrale et sur les cultures populaires, notamment la mode et la musique. Ses ouvrages sont parus chez l’Harmattan (Villes miroirs, 1997; Africanisme: La crise d’une illusion, 2007) et chez Greenwood Press (The History of Congo, 2002). Il est aussi co-directeur (avec Charles Tshimanga et Peter Bloom) de Frenchness and the African Diaspora: Identity and Uprising in Contemporary France (Indiana University Press, 2009). Durant l’année académique 2008-09, il a passé une année à Kinshasa où il a effectué des recherches et enseigné à l’Université de Kinshasa grâce à une bourse de recherche Fulbright octroyée par le Département d’Etat américain. Il travaille actuellement sur les jeunes, les films western et les cultures liées à la masculinité à Kinshasa, un projet de recherche pour lequel il a obtenu une bourse Eurias qui lui permettra de résider l’année 2011-12 à l’Institut d’Etudes Avancées de Nantes.