Résidents

Wasifuddin DAGAR

Chanteur de Dhrupad, Inde - Invité du Directeur

Discipline(s) : Musique / compositeur-interprète

Spécialité(s) : Musicien et chanteur

Pays : Inde

 

Période de résidence : octobre à novembre 2011

 

Projet de recherche :

"Relevance of srutis and importance of tanpura, discerning the subtle nuances that reveal the personality of the raga"

Le dhrupad, « musique savante de l’autre », est une des formes artistiques qui ont une dimension spirituelle universelle intégrant une référence à l’Islam et par extension au soufisme dans l’approche du spirituel et de la quête du divin. Wasifuddin Dagar aspire à aller vers des lieux nouveaux et novateurs qui privilégient l’essence en contraste avec les grands événements plus « spectacle ». Il souhaite rencontrer le type de public qui précisément est dans cette recherche visant à enrichir sa vie d’une expérience menant à l’intériorisation et la méditation. Les grands théâtres ont une autre fonction, un autre public, qu’il apprécie et connaît. Le dhrupad est unique en ce sens qu’il incarne une tradition védique de l’Inde du Nord mais, comme il repose à près de 90 % sur une réelle improvisation inspirée par la résonance avec l’audience, cette musique millénaire est totalement vivante et contemporaine. C’est vraiment unique de pouvoir « tisser » du son, des microtons comme une riche tapisserie sans paroles ni percussion extérieure parfois pendant plus d’une heure. Cela devient un plaisir esthétique et une forme d’ascèse méditative ouvrant le champ de l’imaginaire de chacun. Wasifuddin Dagar, le musicien, et sa famille sont également uniques. Ustad F. Wasifuddin Dagar représente le 20ème maillon d’une chaîne ininterrompue de musiciens de dhrupad. Brahmane à l’origine, cette famille suite à certaines circonstances s’est convertie à l’Islam il y a 6 générations de cela. L’Inde, pays du syncrétisme, leur a permis de devenir l’exemple même de l’intégration nationale puisqu’ils continuent, avec la même préoccupation d’authenticité et de pureté face à leur tradition artistique passée de père en fils, à chanter les louanges des divinités du panthéon hindou tout en ayant ajouté au fil des siècles des poèmes à la louange d’Allah et d’Ali. Ainsi après avoir chanté l’alap, la première partie sans texte d’un morceau raga, le chanteur peut choisir d’enchaîner avec accompagnement d’une percussion, le pakhawaj, un poème dédié à Shiva suivi d’un autre dédié à Ali. Rien de déterminé d’avance, tout au « feeling ».

 

 

Eléments biographiques :

 

Chanteur de dhrupad, musique classique de l’Inde du Nord, héritier d’une longue tradition sur 20 générations dans sa famille, les DAGAR, ce musicien de 40 ans sait innover dans le droit fil de son héritage musical en en perpétuant la force et l’authenticité. Il a reçu en 2010 la plus haute distinction civile décernée par le Président de l’Inde, le Padma Shri (similaire à la Légion d’Honneur en France) Ce musicien est à la fois bien connu des mélomanes parisiens et néanmoins trop rarement entendu. Il vient en Europe depuis 1986, d’abord avec son père et son oncle les fameux Frères Dagar (Paris : Maisons des Cultures du Monde, Mandapa ; Allemagne : Bonn, Dusseldorf ; Hollande : Amsterdam : Tropical Institute, Moses Church…) Depuis 1995, il tourne en solo en Europe, Japon, Etats-Unis (cf www.dagarvani.org) Sur Paris : deux fois au Théâtre de la Ville, au Collège de France, à l’UNESCO, à l’INALCO, à la Maison des Cultures du Monde, à la Bibliothèque nationale - Mitterrand… Et ailleurs, pour « Les Moments Précieux » à Arles, pour le Festival de musique de chambre de Kuhmo, Finlande, pour le Sommet de la Paix a New York aux Nations Unies, pour le Festival de Musique Sacrée du Dalai lama organisé par Philip Glass à New York … Sa présentation de cette musique savante est remarquée par les spécialistes pour ses qualités musicales mais aussi pour sa finesse de communicateur lui permettant de donner les clefs à son audience pour participer pleinement à la musique en devenir. Le dhrupad est une musique à la fois ancienne et traditionnelle, mais vivante et contemporaine car à 90% improvisée, vocale dans les microtons, confluence de l’esthétisme musical de tradition hindoue mais ayant intégré au fil du temps dans les textes chantés, des poèmes sur la philosophie du son, ou à la gloire d’Ali, d’Allah. Wasifuddin Dagar est lui-même un remarquable exemple du fameux syncrétisme de l’Inde. Vingtième génération dans sa famille, la tradition « hindoue » musicale a été transmise dans toute son intégrité originelle même après que la famille, à six siècles d’aujourd’hui se soit convertie à l’Islam. Triomphe de l’art du spirituel sur les barrières érigées par l’homme sur la base de la religion privée de l’artiste. Cela fait penser au soufisme où la recherche de la présence divine passe par la musique ou la danse.