Résidents

Hoda BARAKAT

Journaliste, chercheur, écrivain (France/ Liban) - Membre correspondante

Discipline(s) : Ecriture / Poésie

Spécialité(s) : Journaliste et écrivain

Pays : France/Liban

Période de résidence: 1e octobre 2010 au 28 février 2011

Projet de roman: « Le royaume de cette terre » (Malakoutou hathihi el ard)

L’histoire débute à la veille du XXe siècle, dans la haute montagne du nord du Liban. Elle finit au soir du 13 avril, 1975, à la capitale (au1er jour de la longue guerre civile qui a ravagé le pays).
Loin d’être un roman historique c’est l’histoire d’une famille, qui retrace la magnifique aventure humaine de ces maronites-chrétiens d’orient-retranchés dans leurs hauteurs. Lieu d’isolement primitif et lieu magique. Nature sauvage et mythes de sainteté. Au cœur de l’arabité culturelle et pourtant ils restent réfractaires à l’intégration dans leur milieu régional.
Ce n’est pas non plus un projet de nature sociologique. Je n’ambitionne pas d’analyser ces aspects antinomiques, schizophrènes même de ce « peuple de montagnards rebelles, belliqueux, dévots, irrévérencieux, magnanimes, grossiers, habiles, sauvages, ingénus et malicieux...Partagés entre orient et occident, entre une Phénicie déclinée en syriaque et une arabité menaçante d’islam, les maronites de cette montagne ont connu le Patriarcat mais aussi l’école de Rome, le protectorat français mais aussi le panarabisme libérateur des peuples...Leur petit monde s’auto suffisait jusqu’aux migrations vers la capitale et les prémisses de la naissance de la citoyenneté les plongeaient dans une grande perplexité.
C’est l’Autre : qu’il soit maronite(concurrent) ,grec orthodoxe, musulman (chiite), palestinien ou même israélien qui les interpelle, les fascine et les révulse...Ils avaient connu des guerres tribales avec leurs voisins, mais les années 60 et 70 ont apporté des éléments nouveaux...
C’est dans ce contexte qu’évoluent les personnages de ce roman. La narration se tiendra au plus près de petits mondes, à travers une fable, tragique et burlesque de l’histoire de trois générations.
Originaire de cette région d’une minorité incomprise (même par elle-même...) redoutée et suspecte d’allégeances condamnables, tout au long de son histoire en proie aux rivalités et aux conflits internes allant jusqu’aux confrontations sanguinaires, mon roman serait une approche littéraire d’un microcosme jamais exploré auparavant dans sa complexité...Sans passion mon texte sera libre de tout engagement visant à magnifier ou à condamner ce « peuple ». Cependant il sera utile dans la lecture des causes amenant aux déchirements de l’Histoire des minorités, celles qui dans le repli ou le déni sont réfractaires à tout projet national qui ne reconnaît ni n’assume leurs différences et leurs espoirs...

Éléments biographiques :


Originaire du Liban, Hoda Barakat est l’une des voix les plus originales de la littérature arabe moderne. Née en 1952, elle est diplômée de l’Université de Beyrouth en 1975 avec un diplôme en littérature française.
Elle a enseigné pendant un an dans le village de al-Khaim dans le sud du Liban. Après le début de la guerre civile au Liban en 1975, elle s’installe à Bashara dans le nord. En 1975-76, elle est allée à Paris pour commencer un doctorat, mais en raison de la guerre civile, elle a décidé de retourner dans son pays où elle a travaillé comme enseignante, journaliste et traductrice. En 1985, elle a publié son premier recueil de nouvelles, intitulé Za’irat. En 1985-86, elle a travaillé au Centre pour la Recherche Libanaise. En 1988, elle a participé au lancement de Shahrazad, un magazine féminin. Elle vit actuellement à Paris, travaillant pour une station de radio en langue arabe.
Tous ses romans (à ce jour) se déroulent pendant la guerre civile libanaise et sont construits autour d’un personnage de sexe masculin vivant en marge de la société. La Pierre du Rire, qui a remporté le prix Al-Naqid, a été le premier roman de langue arabe à avoir un homosexuel comme personnage central. Un autre de ses romans, Le laboureur des eaux, a remporté la médaille Naguib Mahouz de littérature.