Conférence de Pierre Sonigo, résident associé de l’IEA de Nantes, intitulée
18 juin 2013
Conférence

Conférence de Pierre Sonigo, résident associé de l’IEA de Nantes, intitulée "Ondes et particules de vie", le mardi 18 juin 2013 dans l’amphithéâtre Simone Weil (rdc)

"Chaque humain perçoit l’évidence de son individualité. Pourtant, pour une fonction critique comme la reproduction, l’individu est un couple. Pour la nutrition, chaque être humain est impuissant sans les plantes qui captent la lumière du soleil ou les innombrables bactéries qui peuplent son intestin. Ainsi, pour aborder la compréhension de certaines pathologies (diabète, obésité) certains auteurs proposent de considérer un superorganisme intégrant notamment les bactéries digestives. Faut-il intégrer à l’individu d’autres paramètres environnementaux ? Et finalement, peut on objectivement définir les limites de l’individu biologique ? Ces limites sont pourtant essentielles à la construction des théories biologiques : la physiologie, par exemple, examine la constance des paramètres individuels, la génétique opère la connexion des individus le long des lignées généalogiques, la théorie de l’évolution doit choisir un individu comme unité de référence et gérer les incohérences théoriques survenant selon le découpage choisi (molécules, cellules, individus, espèces …). Le découpage qui semble évident pour un humain ne l’est pas nécessairement pour les autres formes de vie : l’animal de référence est-il la fourmi ou la fourmilière ? Si les arbres ont les mêmes racines, y a t’il un ou plusieurs arbres ?
Le découpage en entités vivantes individuelles, que le sens commun opère sans trop y penser, requiert ensuite la difficile construction d’un système de connections. C’est ce que tente de réaliser la génétique. Ainsi, si on part de l’idée que la mère et l’enfant sont des individus distincts, comment expliquer qu’ils se ressemblent ? L’ADN qui est au cœur du vivant a la lourde tâche de porter une information génétique, immatérielle par définition, pour reconnecter la matière des corps. L’esprit qui a choisi de séparer la matière … doit tenter ensuite de la connecter : ne serait il plus simple de considérer le vivant comme un continuum matériel ?
Hors de la biologie, les sciences acceptent les modèles continus. La physique utilise des ondes ou des particules pour décrire la matière. Peut-on concevoir une biologie du continu où l’individu se dissout dans des phénomènes cycliques ou périodiques interconnectés ? Cette connexion rend-elle la problématique sur la nature de l’information génétique inutile ? La « biologie du continu » apporte de nouveaux angles d’approche aux questions les plus délicates de la biologie : qu’est-ce qu’un cancer ? Quelle est l’origine de la reproduction sexuée ? Comment fonctionne le système immunitaire ? "

Pierre Sonigo

 

Directeur de recherches à l’INSERM, il a travaillé à l’Institut Pasteur de 1981 à 1990. Spécialiste de biologie moléculaire et de virologie, il travaille depuis 1983 sur le sida. En 1985, il participe au déchiffrage de la séquence complète du virus du sida (VIH). De 1990 à 2005, il dirige le laboratoire "Génétique des virus" à l’Institut Cochin (INSERM et CNRS, Paris). Il est actuellement Directeur scientifique chez Bio-Rad (Marnes-la-Coquette) où il mène des recherches pour le diagnostic médical : comment mesurer le corps malade ?

 > Affiche de la conférence de Pierre Sonigo
 > Dépliant en français de la conférence de Pierre Sonigo