La lutte contre la vie chère en Guadeloupe
25 août 2015
Publication

La lutte contre la vie chère en Guadeloupe


Article de Boris Samuel, docteur en sciences politiques, ancien résident de l’IEA de Nantes (2014-2015)


Présentation

"Le mouvement social de février 2009 en Guadeloupe, mené par le collectif Liyannaj Kont’ Pwofitasyon (LKP), large front de syndicats, d’associations et de partis politiques, s’est structuré autour la dénonciation de la vie chère dans les Antilles. Il a donné lieu à une grève générale de quarante-quatre jours ayant pour revendication phare la revalorisation du pouvoir d’achat. Les demandes du LKP visaient notamment la diminution des prix, la mise en place de primes salariales et la promotion de la transparence."


Naissance et épanouissement d’un « mouvement du XXIe siècle »

"La radicalité du mouvement a très rapidement mis une pression importante sur l’État. À l’été 2008, la fixation des prix des carburants avait été l’objet de critiques véhémentes, car la décrue internationale des cours n’avait pas été répercutée sur les prix à la pompe. Les prix étaient administrés, et l’administration publique fixait à sa guise les profits de la société privée qui détient le monopole de l’approvisionnement (et dont Total est l’actionnaire majoritaire). Dès le début du conflit, les mécanismes de « formation des prix » servent de matrice à une critique des rapports de domination économiques et politiques. Ce sont les petits entrepreneurs qui se mobilisent les premiers, rapidement rejoints et relayés par les demandes des syndicats de travailleurs. Les premiers appels à la grève sont lancés au mois de novembre 2008, en même temps que sont érigés de premiers barrages routiers. En parallèle, l’État tente de répondre de manière bureaucratique, notamment par la production de rapports d’audit demandés à l’Inspection générale des finances et à l’Autorité de la Concurrence. Ces derniers font surtout état de « dysfonctionnements » mais admettent des pratiques abusives, et des baisses de prix sont accordées. La contestation est cependant lancée, et le prix des carburants permet au LKP de se structurer autour d’une ample plateforme de 165 revendications. Celles-ci s’articulent autour de la notion de la pwofitasyon, qui renvoie à la fois aux profits abusifs et à l’idée de la persistance des rapports économiques hérités de la période coloniale et esclavagiste."

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