Conférences publiques 2013-2014
01 octobre 2013
Conférence

Conférences publiques 2013-2014

Sauf indication contraire, les conférences ont lieu au 5, allée Jacques Berque, dans l’amphithéâtre Simone Weil.

A NOTER!

Toutes ces conférences font l’objet d’un enregistrement vidéos et sont ensuite mises en ligne sur la page "l’IEA en vidéos - conférences 2013-2014".

 

 

mardi 26 novembre 2013, 18h-20h

table-ronde avec Ousmane Sidibé et Doulaye Konaté, professeurs à l’Université de Bamako (Mali), respectivement juriste et historien.

"Le Mali entre doute et Espoir : Réflexion sur la nation à l’épreuve de la crise du Nord"

A l’occasion de la parution de l’ouvrage "Le Mali entre doute et Espoir : Réflexion sur la nation à l’épreuve de la crise du Nord" une table ronde sera organisée à l’IEA de Nantes avec Doulayé Konaté qui a dirigé cette publication et Ousmane Sidibé, contributeur et résident 2012 à l’IEA de Nantes. La table ronde sera animée par Ibrahima Thioub, résident associé de l’Institut.

Publié par les Editions Tombouctou, cet ouvrage rassemble les contributions de Doulaye Konaté, Souleymane Drabo, Moussa Sow, André Bourgeot, Balla Diarra, Mohomodou Houssouba, Abdoulaye Idrissa Maïga, Ousmane Sidibé, Abdel Kader Dicko, Oumou Ahmar Traoré et Amadou Kéita. Il s’articule en deux parties qui traitent d’une part de l’organisation des sociétés touarègues et des relations avec les autres communautés du Nord et l’Etat central malien, et d’autre part de l’Etat et du projet démocratique malien. Un descriptif du livre est disponible sur le site du journal malien L’essor. La 4e de couverture, ainsi que le sommaire sont disponibles ci-contre en téléchargement.

 

mardi 03 décembre 2013, 18h-20h

conférence de Didier Demolin, professeur au Centre de recherche en linguistique de l’Université Libre de Bruxelles

"L’origine et l’évolution du langage et de la parole"

"Cette conférence sera consacrée à l’étude de deux éléments de l’évolution de la parole et du langage. Le premier concerne un élément majeur du langage humain, à savoir le contrôle de la fréquence fondamentale (fo). Le deuxième est relatif à la structure des vocalisations des primates non-humains.

Bien que les primates non-humains puissent moduler la fo, il n’y a aucune preuve qu’ils le fassent indépendamment de l’intensité. Il est donc essentiel de comprendre l’origine et l’évolution de cette caractéristique dans le langage humain. En effet le contrôle de la fo permet de moduler l’intonation qui est fondamental dans les caractéristiques prosodique, syntaxique, sémantique et pragmatique du langage humain .La comparaison entre le langage humain et les vocalisations primates non-humaines permet des observations intéressantes. Ceci pourrait également apporter des preuves pour évaluer l’origine et l’évolution du contrôle de la fréquence fondamentale. La source de la parole chez le chimpanzé et le bonobo est assez instable et il ne semble pas y avoir de dissociation de la modulation de la fréquence fondamentale et de son intensité. Dans cette approche, il est important de souligner que la source de la parole généralement instable sans contrôle indépendant de la fréquence fondamentale chez les primates non-humains a évolué vers un contrôle de la parole chez l’humain.

La deuxième partie de cette conférence tentera de répondre aux questions suivantes : est-ce que le langage humain est unique parmi les systèmes de communication des primates en ce qui concerne la grammaire et la récursivité ? Le renforcement hiérarchique et récursive des unités linguistiques nécessite à minima une grammaire « context-free ».Cela est plus complexe que les grammaires à états-finis considéré comme suffisantes pour préciser la structures des signaux de communication non-humain. Les animaux semblent être incapables d’apprendre et de différencier des séries de grammaire context-free de celles formées par des règles simples. Il sera démontré qu’une combinaison d’appels spontanés de muriquis sauvages (Brachyteles hypoxanthus), un cébidé révèle une grammaire qui n’est pas seulement « context-free » mais également sensible au contexte. Ainsi la capacité à produire des grammaires implanté et répétitive n’est pas uniquement humain. Ces conclusions suggèrent que certains des processus mentaux essentiels à la base du langage humains sont partagés par les primates."

 

mardi 10 décembre 2013, 18h-20h

conférence de Monique Chemillier-Gendreau, professeur à l’université Paris Diderot-Paris 7 et membre du LACRIJ

"La souveraineté, comme obstacle aux avancées de la démocratie, aussi bien dans les sociétés internes que dans la société internationale"

 " L’organisation politique et juridique du monde en États souverains et en Organisations internationales créées par eux et dépendant d’eux, n’est pas adaptée à une recherche de la norme du juste dans un monde ouvert, ni à l’exigence de liberté des sociétés modernes. Cette organisation permet la montée sans contrôle des dangers, notamment celui de la militarisation de toutes les économies, que les pouvoirs, même dans les pays qui se prétendent démocratiques, ne cherchent pas à réduire et que l’Organisation des Nations unies ne contrôle pas. Une analyse approfondie amène à la conclusion que le concept de souveraineté des États et les immunités qui l’accompagnent, forment un obstacle radical à un renouveau démocratique qui permettrait une approche du bien commun à l’échelle du monde."

 

mardi 14 janvier 2014, 18h-20h

conférence d’Alain Prochiantz, professeur au Collège de France, Directeur du Centre Interdisciplinaire de Recherche en Biologie au Collège de France

"Sapiens, une espèce singulière"

« L’évolution nous renvoie à notre origine inorganique et à nos liens de parenté avec l’ensemble du vivant. Naître, évoluer, s’éteindre : que nous ne soyons pas machines n’est guère discutable (n’est pas machine qui veut).

Notre appartenance au monde animal, non moins indiscutable, ne fait cependant pas de nous des singes, pas même des chimpanzés, nos plus proches cousins pourtant.

A la suite de quels événements cette mise à distance du reste de l’animalité s’est-elle installée et comment pouvons nous penser ce propre de l’humain. »

 

mardi 21 janvier 2014, 19h-20h30 [NB: conférence à 19h]

conférence de Gilbert Achcar, professeur en Relations Internationales et Etudes du Développement à l’université de Londres (SOAS)

"Soulèvement arabe et complexité de la révolution"

 "L’onde de choc révolutionnaire qui secoue l’espace arabophone depuis 2011 puise son énergie dans l’accumulation de problèmes sociaux suscités par des décennies de blocage économique. Toutefois, plusieurs facteurs compliquent considérablement la donne politique à l’échelle régionale : la nature des États, celle de leurs bases populaires, la convergence de forces antithétiques dans la lutte contre les dirigeants du moment, les divers pôles de la contre-révolution régionale, les politiques des puissances mondiales. On dressera un bilan des soulèvements en cours à la lumière de ces paramètres en accordant une attention particulière aux cas égyptien et syrien."

 

mardi 18 février 2014, 18h-20h

conférence de Gérard Minaud, chercheur indépendant en histoire de la gestion, chercheur associé au Centre Camille Jullian, Aix-en-Provence, et résident 2012/2013 de l’IEA de Nantes

"La valorisation de l’esclave romain"

"Dans le monde romain, avoir des esclaves répondait à plusieurs besoins : économiques, domestiques ou sociaux. On pourrait parler d’esclaves de production, de confort ou de standing. Il n’y avait pas un seul profil d’esclave, ni par l’origine de cette personne, ni par l’utilisation qui en était faite, ni par le devenir qui l’attendait. Néanmoins, tout esclave avait un coût, d’acquisition et d’entretien ; en contrepartie, il servait son maître en assurant un travail ou des prestations.

Un simple rapport comptable entre produits et charges aurait pu définir la valeur d’un esclave, toutefois des spécificités du monde romain écartent cette hypothèse dans de nombreux cas.

Un esclave pouvait en effet se reproduire, transmettre ses connaissances ou faire l’objet d’une spéculation à court terme en étant valorisé par le biais d’une formation professionnelle afin d’être revendu avec une plus-value. Sur du long terme, un esclave particulièrement habile en affaire constituait même un capital risk. Quand un maître affranchissait un tel esclave, le droit romain lui réservait, notamment, une partie de la fortune de son ancien esclave une fois décédé.

Comment donc valoriser un esclave en comptabilité dans l’Antiquité romaine, était-ce même seulement possible ou envisagé ?"

 

lundi 10 mars 2014, 18h-20h

conférence de Jérôme Giersé, directeur artistique adjoint du département Musique au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

 "Musique et amour : Watteau et la fête galante"

"Peintre du sensible, père de la fête galante et véritable étoile filante dans le ciel artistique parisien des premières années du XVIIIe siècle, Antoine Watteau fut la figure de proue d’une nouvelle génération d’artistes et le premier à convoquer musique, danse et théâtre dans sa production. La Leçon de musique, Le Concert amoureux ou L’Accord parfait : autant de titres de tableaux qui montrent l’importance de la musique dans l’œuvre du peintre, métaphore parfaite du sentiment amoureux.

Par l’étude du contexte politique, social et culturel de la Régence, mais aussi et surtout par l’examen attentif des œuvres elles-mêmes, Jérôme Giersé dresse le portrait d’un artiste qui a su cristalliser, pinceaux à la main, le langage musical de son époque. Des extraits musicaux contribueront à plonger l’auditeur au cœur d’une des périodes les plus fascinantes de l’histoire de l’art en France."

mardi 11 mars 2014, 18h-20h

Conférence en anglais de Ana Soto et Carlos Sonnenschein, professeur à l’université de Boston

"From the cell to cancer : An evolutionary perspective of development and cancer."

"Explanations of carcinogenesis have been debated for over a century. Ana Soto and Carlos Sonnenschein will briefly make a historic and an epistemologic overview of the subject with special emphasis on the quality and relevance of the premises adopted by those favoring either a) the somatic mutation theory (SMT) and its variants or b) the tissue organization field theory (TOFT).

These theories differ on two main points: first, while the SMT considers that cancer occurs at the cellular and molecular levels of biological organization, the TOFT is centered at the tissue level of this same hierarchical organization. And second, while the SMT adopts the premise that quiescence is the default state of cells in metazoans, the TOFT adopts, instead, the premise that proliferation is the default state of all cells. Influenced by a reductionist narrative, the SMT considers cancer a molecular, genetic disease. In contrast, the TOFT adopts an organicist approach and proposes that cancer is an example of how development may go awry. Experimental evidence buttressing interpretations that considers cancer as part of a repertory of behaviors inherent to multi-cellular organisms will be evaluated and an attempt will be made to explain how cancer fits into life at large."

 

mardi 25 mars 2014, 18h-20h

Conférence de Jean-Pierre Chevènement, homme politique

"D’une mondialisation l’autre"

« On peut prédire, sans risque de se tromper, que la commémoration, en 2014, du déclenchement de la Première Guerre mondiale sera instrumentée à des fins politiques. Au nom du "Plus jamais ça !", il s’agira, pour nos classes dirigeantes, de justifier la mise en congé de la démocratie en Europe au prétexte, cent fois ressassé, de sauver celle-ci de ses démons.

Même si comparaison n’est pas raison, il m’a paru éclairant, pour comprendre comment l’Europe a été progressivement sortie de l’Histoire, de rapprocher les deux mondialisations, la première, avant 1914, sous égide britannique, et la seconde, depuis 1945, sous égide américaine, chacune posant la question de l’hégémonie sans laquelle on ne peut comprendre ni l’éclatement de la Première Guerre mondiale ni l’actuel basculement du monde de l’Amérique vers l’Asie. La brutale accélération du déclin de l’Europe ne tient pas seulement aux deux conflits mondiaux qu’a précipités un pangermanisme aveugle aux véritables intérêts de l’Allemagne. Elle résulte surtout de la diabolisation de ces nations nécessaire à des institutions européennes débilitantes qui ont permis leur progressive mise en tutelle par de nouveaux "hegemon" .

Afin de ne pas être marginalisée dans la nouvelle bipolarité du monde qui s’esquisse entre la Chine et l’Amérique, l’Europe a besoin de retrouver confiance dans ses nations pour renouer avec la démocratie et redevenir ainsi actrice de son destin. Rien n’est plus actuel que le projet gaullien d’une "Europe européenne" au service du dialogue des cultures et de la paix, une Europe compatible avec la République, où la France et l’Allemagne pourront œuvrer de concert à construire l’avenir d’un ensemble allant de la Méditerranée à la Russie. Dans une "réconciliation" enfin purgée de ses ambigüités et de ses non-dits : celle de deux grands peuples capables de poursuivre ensemble leur Histoire. »

 

mardi 08 avril 2014, 18h-20h

Conférence de Jean-Pierre Dupuy, professeur de philosophie sociale et politique à l’université de Stanford

 "La crise de la raison économique et la perte de foi dans l’avenir"

"L’économie a sinon inventé un nouveau rapport à l’avenir, elle lui a donné une ampleur inédite. Sous certaines conditions qui font intervenir le politique, mieux, qui font véritablement de l’économie une économie politique, l’économie « ouvre » l’avenir, au sens que les hommes s’engagent sur son chemin avec confiance et détermination. Or c’est ce rapport qui est en crise aujourd’hui. De là que l’économie est hantée par le spectre de sa fin possible.

 

Il faut d’abord comprendre le type de rationalité que l’économie incarne et pourquoi, aujourd’hui déréglé, il confine à la folie. Le capitalisme fonctionne en se projetant vers un avenir qu’il doit imaginer sans borne – d’où la sacralisation de la croissance – et en se laissant tracter par lui. C’est ce qu’on appelle un « bootstrap », en référence aux exploits du baron de Münchhausen qui savait, dit-on, s’extirper d’un marais en tirant sur les lanières de ses bottes, ou bien, une autotranscendance. Or la question que posent les critiques du capitalisme commence à faire son chemin dans l’esprit des principaux acteurs de l’économie : quel sens cela a-t-il de vouloir toujours croître ? Et d’abord, est-ce seulement matériellement possible ? Un capitalisme qui commence à imaginer qu’il pourrait mourir est, en un sens, déjà mort. La croissance, que l’on a d’abord désirée parce qu’elle devait apporter le bonheur, puis garantir l’emploi, est devenue indispensable pour éponger nos dettes par rapport aux générations futures. La crise actuelle est avant tout une crise du rapport à l’avenir."

 

mardi 15 avril 2014, 18h-20h

Conférence de Anne Cheng, professeur au Collège de France

"Existe-t-il une "voie chinoise"vers la démocratie?"

"For the past hundred years or so, ever since the early 20th century, the issue of the possibility for China to develop a democratic political system has been hotly debated, both by Chinese and Western theoreticians. Among the numerous propositions that have emerged, one of the most prominent is the attempt made by some “new Confucians” (most of them chose to leave Communist China after 1949) to delve into the resources offered by the Chinese intellectual tradition with a view to dig out indigenous antecedents of democracy. Ever since the 1980s, when mainland China jumped in its turn on the “new Confucian bandwagon”, such mobilization of traditional culture has taken a rather more aggressive turn, with the search for a specifically “Chinese way” which remains to be examined from a critical and historical viewpoint."

mardi 6 mai 2014, 18h-20h

Conférence de Salah Trabelsi 

« Mémoires contemporaines de la traite et de l’esclavage dans le monde arabe »

"À partir de quelques exemples choisis parmi les pays du Maghreb et du Proche-Orient, j’essaierai d’aborder la problématique des héritages des traites et des esclavages dans cette aire culturelle. La description des processus extrêmement longs d’émancipation et d’abolition, engagés depuis plusieurs décennies, nous servira de trame pour une approche différenciée des réalités inhérentes aux populations issues de l’esclavage. Un des traits marquants de l’histoire moderne de ces pays est celui d’une extraordinaire persistance des rapports de sujétion. Des formes avérées d’asservissement perdurent encore dans certaines régions, entre mer Rouge et océan Atlantique. Cette histoire particulière explique en partie l’émergence tardive et contrastée de la question de la mémoire chez les descendants d’esclaves.

Par ailleurs, les représentations collectives, adossées à une vision téléologique de l’histoire et un discours culturaliste diffus, ont souvent constitué un écueil majeur pour une approche nuancée. À cela s’ajoutent des héritages anciens et un indiscutable ancrage du monde arabe dans une culture méditerranéenne caractérisée par une grande diversité des visages et des aspects revêtus par l’esclavage. D’autre part, des controverses juridiques et des équivoques sociolinguistiques relatives aux concepts d’émancipation et de liberté masquent la compréhension du phénomène. L’impression générale est celle d’une carence dans la mise en oeuvre d’approches exploratoires contextualisées ; car de manière symptomatique, l’histoire des esclaves fait toujours l’objet de discours défensifs et simplificateurs lorsqu’elle n’est pas simplement éludée ou passée sous silence. L’on a encore beaucoup de mal à concevoir que les sociétés maghrébines et orientales tout comme l’ensemble des pays du bassin méditerranéen ont été modelées par de vastes migrations forcées, des métissages et des apports culturels multiséculaires.

Pourtant et en dehors de quelques rares exceptions, aucune célébration de fête mémorielle ; point d’édifice ou de plaque commémorative qui soit dédiée à la résistance des

esclaves ou de personnalités impliquées dans le combat contre la traite et l’esclavage. Cette posture intellectuelle est à l’origine d’une rhétorique polémique et embarrassée ; d’où l’absence indéniable de pédagogie active apte à rendre compte d’une problématique notablement complexe et centrale dans l’histoire des pays arabes.

Qu’en est-il précisément aujourd’hui, trois ans après l’éveil des Printemps arabes ? Comment apprécier la naissance d’une conscience diasporique et les nouvelles formes d’action engagées par des jeunes, descendants d’esclaves pour la plupart d’entre eux. Exaspérés par la permanence d’un racisme diffus et d’inégalités sociales criantes, ces derniers réclament un large débat autour de l’esclavage et de ses effets résiduels.

En quoi ces nouvelles dynamiques témoignent-elles de mobilisations encore discrètes mais annonciatrices de configurations nouvelles sur les plans culturel, politique et social ? Enfin quelles prédictions pourrait-on postuler pour l’avenir des diasporas d’afro-descendants dans cette partie du monde, même si la formule paraît de toute évidence inappropriée, s’agissant de minorités noires immergées dans des pays naturellement africains ?"

 

mardi 13 mai 2014, 18h-20h

Conférence de Maina Singh

“Exploring Identity, Ethnicity and ’Home’ : Indian Diaspora Communities in Israel and Guadeloupe”

« Aujourd’hui, les communautés de la diaspora indienne sont réparties sur 110 pays et s’étendent sur tous les continents et à travers tous les océans. On estime à 70 milliards de dollars les versements provenant de ces communautés. Ces 
«Global Indians» représentent une communauté forte de 20 millions d’individus, et dépasseraient les 500 000 personnes dans dix pays.

Pourtant, que savons-nous sur les Juifs indiens en Israël ? Sur les Américains indiens dans la politique des États-Unis ? Ou encore, sur les Indiens de la quatrième génération en Guadeloupe ?

Les communautés d’origine indienne sont marquées par une immense diversité. La chronologie, l’histoire, la géographie et la dispersion spatiale ont façonné leur vie après la migration. Nationalisme, politiques de l’immigration et perception de l’autre ont facilité ou entravé leur intégration dans les sociétés d’accueil. Leurs propres négociations avec l’identité, le développement communautaire et la transmission culturelle entre les générations se retrouvent dans la manière dont leurs diasporas contemporaines se sont établies.

A partir de la recherche ethnographique primaire menée en Israël, aux États-Unis et en Guadeloupe, cette conférence examinera trois communautés d’origine indienne moins connues et débattra de la question de la migration et de l’intégration ; de la mobilité et la mobilisation lorsque les communautés de diaspora voient leurs identités changer par rapport aux structures sociales et économiques de leurs "patries" d’adoption.

Les résultats révèlent que les concepts de "chez soi" et de "patrie" ; soi et l’autre, restent dynamiques et contestés, mais sont également capables de générer des notions puissantes d’appartenance à une "patrie invisible". »

mardi 27 mai 2014, 18h-20h

Conférence de Thomas Duve

“Transnationalisation of law and legal scholarship: a view from legal history”

"
Depuis deux décennies environ, les chercheurs européens de toutes les disciplines ont été témoins d’une transformation profonde du système de l’enseignement supérieur et de la recherche. Politiques d’internationalisation, “révolution numérique”, introduction de modèles économiques dans le milieu universitaire entre autres ont créé une pression considérable sur les sciences sociales, les études culturelles, et les sciences humaines. En plus de cela, les sciences juridiques, nécessairement orientées vers l’État-nation comme le principal législateur et vers le système juridique national en tant qu’environnement fonctionnel, est confronté à une croissance dynamique du droit transnational - et la question se pose de savoir si nous nous dirigeons vers un «Savoir juridique transnational» (transnational legal Scholarship). Pourtant, il n’est pas évident de comprendre à quoi cela pourrait ressembler, à quoi se rattacherait les savoirs juridiques nationaux et quels en seraient les cadres institutionnels et intellectuels.

De toute évidence, le but de cet exposé ne consiste pas à répondre à une de ces questions. Au contraire, il essaie simplement de présenter quelques observations de ce processus et le débat sur les défis qui en découlent pour le milieu universitaire. Et cela à partir d’une petite sous-discipline de la science juridique – l’histoire du droit (legal history)- depuis un observatoire situé en Allemagne. A partir de cette perspective singulière, je souhaite réfléchir aux questions suivantes : Est-ce que l’histoire du droit réagit à ces transformations - et si tel est le cas : Dans quelle mesure ? Quels sont les défis intellectuels et institutionnels d’une transnationalisation de la connaissance de l’histoire du droit ? Quelle est l’importance d’une discipline comme l’histoire du droit dans un savoir juridique transnationale ?

Je procéderai en trois étapes, en commençant par une brève description de certaines traditions qui ont façonné ma discipline. Après cela, je me concentrerai sur quelques changements dans l’environnement de cette discipline au cours des 25 dernières années, la soi-disant “République de Berlin”, et leur impact sur la connaissance de l’histoire du droit. Enfin, je voudrais résumer et mettre en évidence les potentielles conséquences de ces transformations pour l’histoire du droit. Avec un peu de chance, certaines des questions soulevées dans le discours pourraient être, au moins dans leur portée générale, semblable à des problèmes posés dans d’autres disciplines, laissant place à une discussion “transnationale” et “transdisciplinaire” ?"

 

mardi 17 juin 2014, 18h-20h

Conférence de Patrick Boucheron

"Vivre civilement dans une cité divisée : Actualité d’une peur ancienne"

"La fresque peinte par Ambrogio Lorenzetti dans le palais communal de Sienne en 1338 est l’une des plus célèbres peintures politiques de l’histoire de l’art européen. Elle rend visible, de manière ample et détaillée, les effets du choix politique des dirigeants de la commune. Veulent-ils s’abandonner à la discorde, à cette lente subversion des valeurs civiques qui affecte la vie politique? Où seront-ils capable d’assumer un gouvernement juste et équitable qui pacifie la société sans nier le dissensus qui la fonde ? Le peintre donne à voir le tranchant de la décision politique. On s’interrogera sur la force politique d’une telle œuvre, peinte en état d’urgence, mais toujours susceptible d’actualisation. Ainsi cherchera-t-on aussi à rendre compte d’une démarche historienne qui cherche à expliciter, par le passé, ce qui nous trouble aujourd’hui."