Conférence d’Augustin Emane, maître de conférences à l’Université de Nantes, membre correspondant de l’IEA intitulée
11 juin 2013
Conférence

Conférence d’Augustin Emane, maître de conférences à l’Université de Nantes, membre correspondant de l’IEA intitulée "Ce que peut nous apprendre ’Albert Schweitzer, une icone africaine" le mardi 11 juin 2013 à 18h00 à l’amphithéâtre Simone Weil (rdc)

A l’occasion de la parution de l’ouvrage Albert Schweitzer, une icone africaine, Augustin Emane propose une conférence qui se tiendra le 11 juin à 18 heures dans l’amphithéatre de l’IEA.

 

« Le 16 avril 1913, Albert Schweitzer, théologien protestant, musicien, organiste, philosophe et médecin débarque au Gabon et s’installe à la mission protestante d’Andendé à Lambaréné dans un premier temps avant de construire une dizaine d’années plus tard un hôpital sur le site d’Atadiè.

 

Considéré par le magazine Life comme « le plus grand homme du monde » en 1947, ou encore comme une « légende vivante » par Der Spiegel en 1960, Albert Schweitzer est Nobel de la paix en 1952. Pourtant, près de cinquante après sa mort, son nom n’évoque plus rien pour le plus grand nombre aujourd’hui en Occident, et surtout en France. Au Gabon, pays où il a séjourné de 1913 à 1917 et de 1924 à sa mort en 1965, il en va autrement. Alors que l’on aurait pu penser que Schweitzer deviendrait un personnage honni de l’ère coloniale, il n’en est rien, loin de là. Pour ceux qui l’ont connu, Schweitzer est au contraire une référence toujours d’actualité. Il renvoie en effet à une médecine qui, malgré les critiques qui lui furent adressées, notamment au moment des indépendances des pays africains dans les années 1960 n’en a pas moins séduit ceux qui se rendaient à l’Hôpital d’Atadiè. Personnalité particulièrement clivante à la fin de sa vie, Schweitzer continue à diviser si l’on s’en tient aux réactions enregistrées à la sortie de ce livre.

 

Pourtant, loin d’un énième procès sur cet homme ou encore d’une quelconque célébration d’un passé révolu, la question qui se pose quand on s’intéresse Schweitzer, en se basant sur le point de vue de ceux qui l’ont connu, est de savoir ce que l’on peut apprendre de cet homme. A priori, rien de bien nouveau, puisqu’il n’y a aucune révélation d’un quelconque fait marquant de sa vie ! Pourtant, le Schweitzer que l’on découvre dans Albert Schweitzer une icône africaine mérite que l’on s’y arrête. Pour une fois, c’est en effet le colonisé qui décrit le colonisateur et qui projette sur lui sa propre représentation du monde, alors que l’on est souvent dans la situation inversée. De ce fait, à l’heure de la célébration du dialogue entre les cultures, il est particulièrement intéressant de voir comment naissent les icônes dans un environnement colonial et postcolonial. Albert Schweitzer, une icône africaine donne ainsi l’occasion de s’arrêter sur deux questions centrales aujourd’hui non seulement au Gabon, mais également dans le reste du monde, à savoir :

* La difficulté à se situer entre le mirage universaliste et le piège identitaire que des auteurs comme Césaire avait déjà évoquée.
* Les impasses d’une médecine oublieuse de l’unité de l’être humain et les moyens de s’en sortir. »

Augustin Emane

 

Augustin Emane est Maître de conférences à la faculté de droit de l’Université de Nantes où il enseigne le droit de la protection sociale et des contrats civils et commerciaux. Il est Membre correspondant de l’IEA de Nantes ainsi que du Point Sud Institute de Bamako.