Ali El Kenz nous a quitté

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la disparition le 2 novembre d’Ali El Kenz, qui avait pris une part active dans la création de l’Institut d’études avancées de Nantes, dont il avait dirigé le programme de préfiguration.

Né en 1946 à Skikda (Algérie), Ali El Kenz a été maitre-assistant de philosophie à l’université d’Alger de 1970 à 1974, puis Professeur de sociologie dans la même université jusqu’en 1993 ainsi que directeur de recherches au CREAD (Centre de recherches en économie appliquée au développeme à Alger). Menacé de mort par le Groupement Islamique Armé (GIA), il a dû s’expatrier au début des années 90. Après avoir enseigné à l’Université de Tunis 1 de 1993 à 1995, il a été élu Professeur de sociologie à l’Université de Nantes de 1995 et a occupé cette fonction jusqu’à sa retraite. Ali El Kenz a aussi occupé diverses fonctions à l’Association Arabe de sociologie ainsi qu’au Conseil scientifique du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) et au FTM à Dakar. En 2009, il a retracé cet itinéraire intellectuel et politique dans des Écrits d’exil, où l’on trouve réunis quelques-uns de ses articles plus marquants et donne une idée de sa vaste culture et de la diversité de ses centres d’intérêt, de la lecture de Gramsci aux politiques de développement en passant par une radioscopie des sciences sociales dans les pays arabes (Alger, Casbah Editions, 2009, 489 p.)

Ses principaux thèmes de recherche ont été le travail, le développement, la sociologie des sciences ; ses principaux lieux d’observation et d’analyse, l’Algérie, le Monde Arabe et l’Afrique. Il a été Visiting Professor à l’Université de Princeton (USA) en 2000, et chercheur en délégation à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) de 2003 à 2006. Dans le texte ci-après, le professeur Charles Suaud, qui fut son collègue au département de sociologie de l’Université de Nantes, rend hommage à son apport scientifique, et montre les liens étroits qui unissent ses travaux et sa biographie.

Jusqu’à ce que la maladie l’en empêche, Ali El Kenz a activement participé à la vie de l’IEA de Nantes, dont il a été conseiller scientifique de 2009 à 2013. Par la suite il a animé à Euradio Nantes une "Tribune de l’IEA" consacrée à des entretiens avec les résidents de l’Institut. Ces entretiens sont accessibles en ligne ICI.

Également nourri de culture arabe et européenne, Ali El Kenz en incarnait le fécond dialogue. Son érudition jamais tapageuse, son attention à autrui, son humour et son sens de la convivialité faisaient merveille lorsqu’à Delhi, Bamako, Yaoundé ou Pondichéry nous posions les premières pierres de l’institut de Nantes, avant de devenir l’une des marques de l’esprit qui l’anime.

Que son épouse Suzanne et ses enfants Selma et Anisse veuillent bien trouver ici l’expression de toute notre sympathie dans cette épreuve.

Alain Supiot

 Retrouvez l’hommage de Charles Suaud ICI

Hommages de la presse algérienne :

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