19 september 2019
Lecture

"Les métamorphoses des relations État-Entreprise - approches comparatives : tensions et synergies, dynamique et prospective", colloque des 19 et 20 septembre 2019

Pierre Musso, ancien fellow et membre du Conseil Scientifique de l'Institut d'études avancées de Nantes, organise les 19 et 20 septembre prochains un colloque intitulé "Les métamorphoses des relations État-Entreprise - approches comparatives : tensions et synergies, dynamique et prospective" à l'IEA de Nantes.

Entrée libre sur inscription, via le formulaire ci-dessous.

Télécharger le programme provisoire

 


JEUDI 19 SEPTEMBRE 2019
accueil à 9h


9h  - Ouverture par Françoise RUBELLIN, Directrice de l’IEA de Nantes

9h 15 - Alain SUPIOT, Collège de France, « L'entreprise et l'intérêt général ».

 

  1. 1.       Deux institutions : Etat et Entreprise - 10h -13h

 

10h  - Pierre MUSSO, Université de Rennes II et Institut Mines Télécom Paris

« L’Etat-Entreprise »

La forme contemporaine de l’Etat en Occident tend à s’hybrider avec l’Entreprise par un transfert d’hégémonie culturelle et politique entre ces deux institutions : l’Etat en crise et la très grande Entreprise en expansion. Ce transfert prend deux formes principales : l’intégration de la finalité managériale de l’efficacité - expression de « l’amour de l’entreprise » (relais de « l’amour de la patrie » analysée par E. Kantorowicz) -  et des normes managériales au nom de l’action efficace. L’Etat-Entreprise, figure inversée et désymbolisée de l’Etat-Eglise du Moyen-Age,  est l’aboutissement de la « phobie d’Etat » (M. Foucault) inaugurée par les libéraux au milieu du XVIIIe siècle, contre l’Etat souverain et absolutiste, poursuivie et amplifiée par les industrialistes et les socialistes au siècle suivant, et qui atteint son apogée au XXe siècle après la seconde Guerre mondiale et la chute du mur de Berlin.

 

10h45 - Sébastien MASSART et Pascal DALOZ, Dassault Systèmes : « Etat, entreprises, plateformes - des systèmes ouverts ? »

 

11h30 Pause

 

11h45 - Corine EYRAUD, Université d’Aix-Marseille, « L'État et l'entreprise sont-ils en Chine des institutions ? »

 

12h30 -  Marc CHOPPLET, Philosophe, « La globalisation est-elle la fin des Etats-nations ? »

Globalisation économique et mondialisation des sociétés interpellent les citoyens, les consommateurs, les travailleurs, les Etats et les entreprises. Le cosmopolitisme est aujourd’hui une réalité sociologique mondialement vécue (J. Habermas, U. Beck) pouvant conduire à une réorganisation en profondeur des représentations des sociétés sur un territoire comme à celle des communautés déterritorialisées (diasporas, migrants, réseaux). Cette réalité est souvent minorée, voire masquée. Elle véhicule des conceptions du monde et des Etats très différentes de celles des Etats-nations. Cette intervention s’attachera dans un premier temps à en dégager les complexités et les dynamiques. Dans un second temps, elle s’interrogera sur les possibilités d’inscrire ces mouvements dans un nouvel universel (S.B. Diagne) ; c’est à dire à une vision nouvelle des sociétés au plan mondial.

 

13h15- Pause déjeuner

 

  1. 2.       L’Entreprise aujourd’hui et demain : 14h30- 18h30

 

14h30 - Romain LAUFER, HEC Paris, « Systèmes de légitimité et traduction interculturelle »

Les relations entre l’État et l’entreprise varient en fonction des cultures nationales.  La mondialisation conduit à s’interroger à la fois sur une éventuelle convergence des conceptions de ces relations et sur les conflits qui peuvent résulter de leur confrontation, conflits qui se manifestent tout particulièrement dans la construction de l’Europe comme entité politique.     En limitant l’analyse au monde occidental, une approche fondée sur la notion de système de légitimité permet de rendre compte à la fois de la convergence que suppose la mondialisation  et du maintien de barrières culturelles majeures entre les nations.  Cette approche permet de produire une représentation symbolique de ces traditions et de rendre compte  des obstacles qui doivent être  surmontés par   les efforts de traductions interculturelles. Elle permet aussi de montrer le rôle joué dans l’histoire des systèmes de légitimité par des échanges entre systèmes  qui s’apparentent à ce que l’on pourrait appeler des » greffes symboliques ».

 

15h15- Michel VOLLE, économiste, « Le concept d’entreprise »

L'entreprise est un être organique et donc rétif à toute définition conceptuelle. On peut cependant, avec Edith Penrose, considérer d'une part ce qu'elle fait, d'autre part comment elle le fait : son action, son organisation.

 

16h Pause

 

16h15 - Jean-Michel SAUSSOIS, ESCP Paris « La très grande entreprise dans son rapport à l’Etat : analyse comparée France-Etats-Unis »

Aux Etats-Unis la grande entreprise a précédé l’Etat, en France l’Etat a précédé  la grande entreprise. Dans un premier temps il s’agira de saisir ce qu’il est convenu d’appeler l’entreprise chandlerienne comme innovation majeure du capitalisme pour ensuite montrer la spécificité des rapports de la grande entreprise avec l’Etat dans chacun des deux pays : relations conflictuelles, relations de connivence, relations fusionnelles, relations coopératives. La conclusion est une discussion sur la transformation de cette forme « grande entreprise » face à un Etat/entreprise.

 

17h - Jean PEYRELEVADE, consultant : « L’entreprise et la société civile ».

La grande entreprise mondiale empiète sur la souveraineté des Etats. Elle peut, dans le meilleur des cas, être inclusive vis-à-vis d’une partie de la société civile (ses salariés - cf Europe du Nord).

Peut-elle aller jusqu’à rendre l’Etat inutile, ou impuissant ? La réponse est doublement négative.

17h45 - Jean-Christophe GRACIA, juge administratif : « Le juge et l’entreprise. Analyse comparée France-Italie »

Alors que la jurisprudence a joué un rôle central dans l’édification de l’Etat social, les juges ont eu tendance à être écartés par les réformes récentes, notamment en matière de droit du travail, au nom d’une approche économique du droit portée notamment par le droit de l’Union. Par l’intermédiaire du respect des droits fondamentaux de la personne, la jurisprudence pourrait paradoxalement reprendre son empire et redevenir un acteur important de la vie des entreprises.

 18h30 - Pascal FEILLARD, Altran : « Les relations privé/public »

[Horaire à préciser] - Jean-Baptiste BARFETY, IGAS : « Code civil, raison d’être et mission : une loi de "réformation" pour sortir de la "grande déformation" de l’entreprise »

 


VENDREDI 20 SEPTEMBRE
9h -13h


  1. 1.       Les communs et l’Economie Sociale et Solidaire

 

9h - Baptiste RAPPIN, Université de Lorraine, « Du commun aux communs : enjeux métaphysiques et politiques d’une substitution ».

 

9h45Pierre DARDOT, philosophe, « Les communs et la question de la souveraineté »

 

10h30 - Pause

 

10h45 Jean Louis LAVILLE, CNAM, « L'économie solidaire une perspective internationale et historique »

L’économie sociale et solidaire s’est constituée à la fin du XXe siècle, la tradition de l’économie sociale (associations, coopératives, mutuelles) étant profondément questionnée et prolongée par un foisonnement d’initiatives solidaires. Des politiques publiques récentes témoignent en ce début de XXIe siècle d’un début de reconnaissance sur tous les continents.

Mais l’enjeu que représente l’ESS ne peut être appréhendé sans revenir sur l’invisibilisation dont a fait l’objet un associationnisme apparu dans la première moitié du XIXe siècle et largement occulté ensuite. C’est en reconstituant une autre histoire, différente du récit officiel, que l’on peut évaluer le devenir possible des émergences actuelles. A travers un double détour, international et historique, il est donc possible de déceler en quoi il s’agit d’envisager l’économie au-delà de l’entreprise capitaliste et le politique au-delà de l’Etat. 

11h30 – 12h15 - Stéphane ROZES et Karine PATTE, consultants, « Imaginaire des États-nations et identités des entreprises. »

L’Etat et les entreprises sont reliés et mus par un même inconscient collectif : l’Imaginaire du peuple qui les précèdent. Cet imaginaire implicite anime et assemble de manière spécifique chaque communauté humaine - y compris les collectifs de travail - afin que ses membres puissent s’approprier le réel, s’y mouvoir et agir. Chaque imaginaire national articule différemment le bon, le juste et l’efficace.

L’Etat et les entreprises en sont les instruments symboliques et objectifs qui tiennent ensemble corps national et corps social. Les imaginaires des Etats nations et identités des entreprises, gages d’harmonie et de création de valeur, sont aujourd’hui mises à mal par la globalisation néolibérale économique, financière et numérique qui extrait « l’efficace »; du « bon » et du  « juste ». Mais sur le long terme le symbolique humain prévaut sur l’efficace des choses... Et c’est vers l’entreprise que se tourne l’individu contemporain scindé pour y trouver la cohérence qui lui échappe au travers de son empreinte sociétale, sociale et environnementale quand momentanément les représentants de l’Etat semblent accompagner un cours des choses contingent et s’extraire de leurs responsabilités. S’ils veulent réussir leurs transformations, Etats et entreprises doivent se réapproprier les dimensions culturelles dont elles procèdent.

Fin des travaux à 13h