Lecture by Salah Trabelsi :
06 may 2014
Lecture

Lecture by Salah Trabelsi : "Memories of the slave-trade and slavery in the Arab world"

On Tuesday, May 6th, 2014, at 6:00pm at the Simone Weil amphitheater

Salah Trabelsi is the deputy director of the Research Group on the Middle East and Mediterranean area (Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient - Gremmo) at he Maison de l’Orient et de la Mediterranée in Lyon. He is an assistant professeur in medieval history of the Arab World at the Université Lumière Lyon 2. He is the vice-president of the international scientific committee of the Unesco project : Slave Routes : a global vision

On May 6th, Salah Trabelsi will be in Nantes for a workshop organised at IAS-Nantes on the preparation of three educational textbooks about the history of slavery and slave trade. This project, which exists thanks to the support of the city of Nantes, gathers African historians, and is coordinated by Ibrahima Thioub, Associate Member of the Institute.

 

He will give a lecture at IAS-Nantes on May 6th, at 6pm.

 

Abstract (in French):

À partir de quelques exemples choisis parmi les pays du Maghreb et du Proche-Orient, la conférence de Salah Trabelsi abordera la problématique des héritages des traites et des esclavages dans cette aire culturelle. La description des processus extrêmement longs d’émancipation et d’abolition, engagés depuis plusieurs décennies, servira de trame pour une approche différenciée des réalités inhérentes aux populations issues de l’esclavage.

Un des traits marquants de l’histoire moderne de ces pays est celui d’une extraordinaire persistance des rapports de sujétion. Des formes avérées d’asservissement perdurent encore dans certaines régions, entre mer Rouge et océan Atlantique. Cette histoire particulière explique en partie l’émergence tardive et contrastée de la question de la mémoire chez les descendants d’esclaves.

Par ailleurs, les représentations collectives, adossées à une vision téléologique de l’histoire et un discours culturaliste diffus, ont souvent constitué un écueil majeur pour une approche nuancée. À cela s’ajoutent des héritages anciens et un indiscutable ancrage du monde arabe dans une culture méditerranéenne caractérisée par une grande diversité des visages et des aspects revêtus par l’esclavage. D’autre part, des controverses juridiques et des équivoques sociolinguistiques relatives aux concepts d’émancipation et de liberté masquent la compréhension du phénomène. L’impression générale est celle d’une carence dans la mise en oeuvre d’approches exploratoires contextualisées ; car de manière symptomatique, l’histoire des esclaves fait toujours l’objet de discours défensifs et simplificateurs lorsqu’elle n’est pas simplement éludée ou passée sous silence. L’on a encore beaucoup de mal à concevoir que les sociétés maghrébines et orientales tout comme l’ensemble des pays du bassin méditerranéen ont été modelées par de vastes migrations forcées, des métissages et des apports culturels multiséculaires.

Pourtant et en dehors de quelques rares exceptions, aucune célébration de fête mémorielle ; point d’édifice ou de plaque commémorative qui soit dédiée à la résistance des esclaves ou de personnalités impliquées dans le combat contre la traite et l’esclavage. Cette posture intellectuelle est à l’origine d’une rhétorique polémique et embarrassée ; d’où l’absence indéniable de pédagogie active apte à rendre compte d’une problématique notablement complexe et centrale dans l’histoire des pays arabes.

Qu’en est-il précisément aujourd’hui, trois ans après l’éveil des Printemps arabes ? Comment apprécier la naissance d’une conscience diasporique et les nouvelles formes d’action engagées par des jeunes, descendants d’esclaves pour la plupart d’entre eux. Exaspérés par la permanence d’un racisme diffus et d’inégalités sociales criantes, ces derniers réclament un large débat autour de l’esclavage et de ses effets résiduels.

En quoi ces nouvelles dynamiques témoignent-elles de mobilisations encore discrètes mais annonciatrices de configurations nouvelles sur les plans culturel, politique et social ? Enfin quelles prédictions pourrait-on postuler pour l’avenir des diasporas d’afro-descendants dans cette partie du monde, même si la formule paraît de toute évidence inappropriée, s’agissant de minorités noires immergées dans des pays naturellement africains ?

 

> Affiche de la conférence de Salah Trabelsi

> Dépliant en français de la conférence de Salah Trabelsi

> Dépliant en anglais de la conférence de Salah Trabelsi