Calendrier des conférences publiques  2011-2012
01 september 2011
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Calendrier des conférences publiques 2011-2012

Les conférences ont lieu 5, allée Jacques Berque, dans l'amphithéâtre Simone Weil.

Mardi 25 octobre 2011, 18h-20h00

Conférence de Dominique Lecourt, Professeur à l'Université Paris Diderot-Paris 7 (France).
Philosophie et épistémologie,

"L'égoïsme selon Ayn RAND (1905 - 1982)"

(Anthropologie morale et politique)

Au moment où l'œuvre romanesque et philosophique d'Alissa ROSENBAUM (Ayn RAND) fait l'objet d'une attention toute nouvelle en France, cette pensée qui a connu un succès immense aux U.S.A. appelle une réflexion sur les fondements anthropologiques de l'affrontement entre libéralisme et collectivisme.

 

Mercredi 2 novembre 2011 , 18h00 - 20h00

Vernissage de l'exposition d'Akhilesh, Peinture contemporaine (Inde).


Akhilesh est un peintre Indien, invité à l'IEA de Nantes entre octobre 2011 et mars 2012. Dans la lignée de Raza, ses compositions, influencées par les traditions tribales et folkloriques indiennes, se distinguent par les contrastes entre couleurs, lignes, grilles géométriques et répétition de segments. Akhilesh expose à travers le monde depuis l'âge de 20 ans et a reçu le State Award, le Bharat Bhavan Biennal Award et le Raza Foundation Award.

 

Mardi 8 novembre 2011,18h00- 20h00

Concert de Wasifuddin Dagar , Chanteur de Dhrupad (Inde).

Héritier d'une longue tradition de chanteurs, Wasifuddin Dagar sait innover dans le droit fil de son héritage musical en en perpétuant la force et l'authenticité. Ce chanteur de Dhrupad, musique millénaire totalement vivante et contemporaine, est bien connu des mélomanes à Paris et à New York et néanmoins trop rarement entendu. Invité de l'IEA de Nantes à l'automne 2011, cette personnalité hors du commun donnera un concert exceptionnel, occasion rare de découvrir ce style classique de l'Inde du Nord.

 

Lundi 14 novembre 2011

en collaboration avec la MSH Ange-Guépin

"Très cher héritage. Peut-on encore justifier sa taxation ?

par André Masson

De plus en plus impopulaire, l'impôt sur les donations et les héritages rapporte de moins en moins dans la plupart des pays développés alors que l'inégalité des fortunes est repartie à la hausse. Peut-on encore justifier un tel impôt ? Deux principes sont essentiellement en jeu : la morale familiale, invoquant l'épargne pour ses enfants accumulée par le père « altruiste » à la sueur de son front, refuse d'imposer un comportement aussi vertueux (virtue tax) ; mais du point de vue de la redistribution et la justice sociale, l'héritage reçu, assimilé à un revenu d'aubaine immérité et source d'inégalité des chances et de concentration des fortunes, légitime une taxation forte et progressive. La difficulté d'arbitrer entre ces principes contradictoires mais tous deux prégnants explique les apories des modèles économiques mais aussi les impasses des débats d'hier et d'aujourd'hui où les arguments variables échangés permettent de presque tout justifier, de l'abolition de l'héritage à celle de sa taxation.

La voie de sortie envisagée se développe sur deux plans : au plan moral, elle propose de concilier morale familiale et justice sociale grâce à une taxation forte et progressive des seuls héritages familiaux, en donnant ainsi un avantage fiscal aux donations (précoces) aux enfants, plus souvent et sûrement « altruistes », ainsi qu'aux dons et legs caritatifs. Mais elle reconnaît qu'un tel dispositif fiscal n'a pas de valeur universelle, ne fonctionnant qu'en temps et lieu propices. La France actuelle réunit les critères requis (déséquilibre intergénérationnel en faveur de séniors, protection sociale élevée pour les plus âgés, efficacité de l'impôt en faveur des jeunes, etc.) : la mesure pourrait donc lui être appliquée, aussi bien à titre temporaire.


(Auto-) références
Luc Arrondel L. et André Masson. « Taxer les héritages pour accroître la mobilité du patrimoine entre générations », Revue française d'économie, XXVI (2), (octobre 2011).

André Masson. Des liens et des transferts entre générations, Éditions EHESS, collection En temps & lieux, Paris (novembre 2009), 464 p.

 

Mardi 22 novembre 2011,18h00 - 20h00

Alain Caillé, Professeur à l'Université Paris X (France)

"L'anti-utilitarisme, comme représentation et comme volonté (i.e. comme théorie et comme pratique)".

Le MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en science sociale) organisé autour d'une revue interdisciplinaire et internationale, La Revue du MAUSS (Editions La Découverte, ainsi nommée en hommage à Marcel Mauss, vise depuis ses débuts, il y a trente ans, un double objectif : décoloniser les sciences sociales et la philosophie politique de l'imaginaire économiciste-utilitariste qui les asservit, et, conjointement, assumer les dimensions éthiques et politiques de cette rébellion épistémologique"

 

 

Mardi 29 novembre 2011, 18h - 20h00

Youssef Ishaghpour, Ecrivain et Professeur à l'Université Paris Descartes (France)
Histoire de l'art, cinéma,

"Chohreh Feyzdjou : L'Épicerie de l'apocalypse"

L'art contemporain est lié à la mondialisation et à ce qui la détermine : la toute puissance du marché et le règne de la communication. Tout en ayant été produite et développée par l'Occident, la logique de la mondialisation a fini par relativiser l'importance centrale de son origine. Le dernier moment de l'art moderne - l'abstraction dans toutes ses formes - avait la valeur d'une norme absolue pour l'Occident comme pour le reste du monde. L'art contemporain est le rejet de toute norme, dénoncée comme une particularité s'érigeant en universel, et le refus de l'universalité considérée comme forme oppressante et vide de tout contenu. L'art contemporain est créé par des « minorités » : genres, ethnies, et des sous-groupes de toutes sortes affirmant leur identité. C'est ce contexte qui a permis l'existence - tout simplement impossible auparavant - de Chohreh Feyzdjou (Téhéran 1955 - Paris 1996), aux prises avec une identité introuvable et la nécessité de se présenter sur la place du marché.

 

 

Mardi 6 décembre 2011, 18h00-20h00

"Comment fait-on un paysage?"


Animée par Kazmer Kovacs, cette table ronde est l'occasion d'un échange entre praticiens et théoriciens de l'art (Anca Oroveanu et Jean Claude Pinson), entre savoir-faire et interprétation autour de la construction des paysages. Marie Drouet (artiste nantaise) et Chihiro Minato (résident IEA 2011) y expliqueront le cheminement artistique qui les a conduits à organiser l'exposition conjointe Distance/Continuity.

« Opposer la façon de transformer des idées en images par les artistes à la façon de transformer des images en idées par les critiques et les historiens d'art ne peut être qu'une affaire risquée.
Cependant, se poser la question est essentiel: non pour trouver la recette, car il n'y en a pas; mais pour surprendre justement les limites du territoire ineffable où se passe la transmutation quasi-alchimique des composants d'une image en ce que, faute de mieux, nous nommons art...»

 

 

Mardi 13 décembre 2011, 18h00-20h00

"Contagion, contage, contagiosité, problème de la médecine antique"

Conférence inaugurale de la Chaire du Bellay par Jackie Pigeaud, Titulaire de la Chaire du Bellay, Professeur émérite de l'université de Nantes, Membre senior honoraire de l'Institut Universitaire de France
 

" Le grand problème que pose la « maladie pestilentielle » se situe d'abord au niveau des médecins de l'Antiquité. Il s'agit de la fameuse « peste » d'Athènes. La description, qui est en même temps la description princeps d'une épidémie au sens moderne, en est faite par Thucydide, c'est-à-dire un historien. Les médecins ont tenté de s'introduire dans l'histoire de la « peste ». Galien a tenté de concilier les théories hippocratiques avec les faits décrits par l'historien. Il s'agit bien d'un vrai problème épistémologique. Les théories des médecins antiques, l'étiologie hippocratique des maladies ne sauraient rendre compte de l'ensemble des phénomènes que décrit l'historien. Mais bien d'autres problèmes ont surgi qu'on n'aurait pu prévoir..." Jackie Pigeaud

 

 

Mardi 10 janvier 2011, 18h00-20h00

Conférence d'André Orléan, Directeur de recherche au CNRS et Directeur d'études à l'EHESS intitulée "Qu'est ce qui ne va pas chez les économistes?", autour de son nouveau livre L'empire de la valeur, manifestation en collaboration avec la Maison des Sciences de l'Homme Ange-Guépin.

"L'empire de la valeur qui vient d'être publié en octobre 2011 a pour sous-titre : « Refonder l'économie ». C'est là une proposition qui ne va certainement pas de soi. Que penserait-on d'un projet proposant de refonder la physique ? On s'interrogerait, à juste titre, sur la santé mentale de son auteur. Je voudrais cependant montrer, au cours de cette conférence, qu'il y a quelques arguments pour soutenir la thèse du nécessaire renouvellement de la science économique. Pour ce faire, je partirai des piteuses performances de cette discipline dans la période récente. Non seulement les économistes n'ont pas su prévoir la crise mais, bien plus, ils ont cru cette crise impossible parce que la dérégulation leur est apparue comme ce qui devait permettre l'émergence d'une sphère financière parfaitement stabilisée. Rappelons que la titrisation qui fut à l'origine de la crise des subprimes était, au début des années 2000, universellement analysée comme ce qui devait éloigner le spectre des faillites bancaires. La question qu'il faut alors se poser est de comprendre ce qui a rendu de telles erreurs possibles et ce qu'il convient de faire pour éviter qu'elles se reproduisent." André Orléan

 

 


Mardi 24 janvier 2012, 18h00-20h00

Conférence de Monique Labrune, directrice éditoriale des Presses Universitaires de France intitulée "L'édition des sciences humaines en France" en collaboration avec la Maison des Sciences de l'Homme Ange-Guépin.

« Voilà plus de vingt ans que l'on dresse le constat d'une crise de l'édition des sciences humaines : baisse des tirages, désertion du public étudiant, raréfaction des « grands maîtres », concurrence du Web... Les motifs d'inquiétude ne manquent pas. Pourtant, dans ce paysage sombre, l'activité éditoriale demeure intense, inventive, dynamique. Quels sont les nouveaux visages de l'édition des sciences humaines aujourd'hui ? Comment éditeurs généralistes, presses universitaires et « petits » éditeurs indépendants affrontent-ils la nouvelle donne : évolution des pratiques de lecture, mutations de la recherche, montée en puissance du livre numérique ? » Monique Labrune

 

 

Mardi 7 février 2012, 18h00-20h00

Conférence de François Flahault, philosophe et directeur de recherche émérite au CNRS intitulée "Les relations humaines ne sont pas solubles dans la morale".

" Selon la conception occidentale moderne de l'individu, celui-ci décide de ses relations avec les autres, que ce soit en raison des fins économiques qu'il poursuit ou des fins morales auxquelles il se plie. Opposer à la domination de l'économie les exigences de la morale ne remet donc pas en question le présupposé selon lequel l'individu est logiquement antérieur à ses relations avec les autres.
Or, l'état des connaissances concernant, notamment, l'origine des sociétés humaines et le développement des nourrissons, conduit à une critique radicale de ce présupposé ou de cette croyance. D'où les thèses qui seront présentées :

1- l'existence psychique des individus est dépendante de l'écosystème relationnel et social dans lequel ils se trouvent ; l'être même de chacun est donc inséparable de sa manière d'être avec les autres ;

2- toute relation humaine comporte, généralement de manière implicite, des enjeux de plus-être ou de moins-être ;

3- le désir d'exister s'exerce, pour une bonne part, à l'insu des intéressés et avec plus de force que les exigences morales ;

4- les formes de plus-être ou de moins-être sont liées aux objets, aux représentations collectives et aux institutions propres à l'écosystème culturel dans lequel chacun vit : dans ces conditions, à supposer même que s'impose en principe une exigence morale universelle, celle-ci ne saurait venir à bout des moeurs et des manières d'être communément reçues." François Flahault.

 

 

Mardi 28 février 2012, 18h00-20h00

Conférence de Mireille Corbier, directrice de recherche émérite au CNRS en histoire et archéologies des civilisations antiques, intitulée "Texte et image : du Musée capitolin au British Museum. Tradition et interprétation".

"Une table de bronze inscrite, dessinée et étudiée depuis le XVIIe siècle, était ornée d'appliques dont les commentateurs ont proposé des identifications diverses, en se fondant sur la lecture de l'inscription (CIL, VI, 220) plus que sur l'examen des figurines. Or, le cadre iconographique n'a pas cessé de se modifier. Ce dossier constitue un bon exemple de la façon dont se constituent les traditions d'interprétations, vraies ou erronées. " Mireille Corbier

 

 

Mardi 13 mars 2012,18h00-20h00

Conférence de Louis Assier-Andrieu, anthropologue et historien du droit (directeur de recherche CNRS, CEE & Ecole de Droit, Sciences Po, Paris et Fellow à Käte Hamburger Kolleg Recht als Kultur, Bonn), intitulée "L'autorité du passé en Common Law - Notations anthropologiques."

" Pourquoi le passé exerce-t-il sur nous cette influence qui nous invite à suivre son exemple?

Il s'agit d'envisager le rapport particulier qu'ont certaines cultures avec l'histoire, un rapport qui les incite à suivre la "tradition" plutôt qu'à rompre avec elle. Parmi celles-ci la culture anglo-saxonne de Common Law revendique hautement son caractère plus que millénaire et cette longévité assumée prend corps dans cette concrétisation spécifique de la culture qu'est le droit.

La conception médiévale faisait du passé la source de toute légitimité dans le monde clos de la Chrétienté.
Avec la Renaissance commence un processus d'ouverture au monde que la tradition accompagne pour perdurer dans un élan qui ne s'est jamais arrêté.
La découverte de l'Amérique et la nécessité d'en gérer les Indiens ont suscité un ordre de controverses où la "civilisation" s'adresse aux "nations" et aux "tribus" pour les reconnaître et pour les subordonner, de même que seront assujetties aux buts du droit des sciences comme l'anthropologie qui auraient pu les contrarier.

On portera pourtant un regard anthropologique sur cette autorité du passé envisagée comme une représentation ouverte à l'analyse et à l'interprétation."



Mardi 27 mars 2012, 18h00-20h00

Conférence "Comment écrire l'histoire de l'Europe de 1945 à 1989?" par Hartmut Kaelble, professeur d'histoire sociale à l'université de Humboldt à Berlin.


« Comment écrire une histoire de l'Europe depuis 1945 ? Un grand nombre de bonnes synthèses et de manuels universitaires ont été écrits, notamment depuis la chute du Mur. Nous pouvons donc en déduire que les perspectives principales ont déjà été traitées par de très bons auteurs.

Nous pouvons cependant soulever quatre questions insuffisamment traitées dans des ouvrages publiés :

- Comment écrire une histoire politique élargie de l'Europe en y intégrant aussi l'histoire sociale, culturelle et économique du continent ?

- Comment éviter le faux choix entre une histoire de l'Europe vue comme un kaléidoscope de trente pays individuels et une histoire limitée aux tendances communes en Europe ?

- Comment écrire une histoire de l'Europe qui ne soit pas limitée aux frontières géographiques variables comme le font presque tous les ouvrages publiés, mais plutôt une histoire ouverte vers les rapports mondiaux de l'Europe, sans toutefois écrire une histoire mondiale ?

- Comment traiter des périodes et des bouleversements de l'Europe depuis 1945 : considérer seulement les deux tournants principaux, 1945 et 1989 ou bien envisager d'autres tournants, 1947-1950, les années 1970, 2001 ou 2008-2009 ? »



Mardi 3 avril  2012, 18h00-20h00
Table ronde à l'occasion de la Journée Internationale de la Francophonie.



Mardi 24 avril 2012, 18h00-20h00

Conférence "L'intégration européenne sans l'Europe" par Franciszek Draus, historien des idées politiques.

" Peut-on faire la politique européenne sans savoir ce qu'est l'Europe? Peut-on faire la politique européenne sans avoir la pensée et la conscience véritablement européennes? Au fond, quel est le rapport entre le processus politico-institutionnel qui se déroule depuis une cinquantaine d'années sous le nom d'intégration européenne et l'Europe, cette civilisation qui avait connu pendant plusieurs siècles un développement remarquable et qui avait présidé, au XIXe siècle, au développement de l'humanité, pour s'effondrer spirituellement et politiquement au XXe siècle? L'Europe peut-elle encore avoir un avenir?

Pour pouvoir entamer une réflexion sur ces questions, il faut retrouver la pensée européenne authentique, c'est-à-dire la pensée qui avait exclusivement l'Europe pour objet et pour horizon, la pensée pour laquelle le mot Europe avait un sens et une signification. Il faut réapprendre à concevoir l'Europe en termes d'identité et de puissance.

L'idée postulant la formation d'une union d'Etats européens est née au XIXe siècle, et cela non pas comme une vision mais comme une conclusion concrète des réflexions empiriquement fondées sur l'évolution politique du monde, notamment sur le développement rapide des Etats-Unis et de la Russie, puis - vers la fin de ce siècle, du Japon et de la Chine aussi. Fortement présente dans la conscience européenne dans les premières décennies du XXe siècle, notamment après la Première guerre mondiale, cette idée aurait bien pu secourir l'Europe devastée par la Deuxième, mais - dans les réalités idéologiques et stratégiques du monde après 1945 - elle perdit sa pertinence politique. Elle allait trop à l'encontre des intérêts américains et soviétiques. Cette idée aurait pu retrouver sa pertinence politique après 1989, après la chute du communisme. Hélas, les Européens s'avérèrent alors incapables de s'approprier cette idée à nouveau. Aujourd'hui, l'on confond communément l'Union européenne et l'Europe. N'est-il temps de faire une défense de l'Europe contre ou en dépit de l'intégration européenne? "

Franciszek Draus



Mardi 15 mai 2012, 18h00-20h00

Conférence de Andrei Pleisu, philosophe à l'université de Bucarest.

" Nous allons essayer une analyse de la réponse que Jésus donne à ses disciples à la question - citée dans le titre - qu'ils lui adressent,.

Pourquoi choisit-on de parler en paraboles « à ceux du dehors »?

Qui sont, en fait, « ceux qui sont dehors » ?

Et comment peut-on concilier l'universalité du message christique, la générosité non-discriminatoire de son message, avec l'apparence d'exclusivisme qu'implique cette réponse ?

Le texte que je vais vous présenter est un premier pas vers une « analytique de la réceptivité », qui sera, dans sa version finale, le thème d'un livre sur une lecture possible des paraboles de Jésus dans le monde d'aujourd'hui. "

Andrei Plesu


Mardi 22 mai 2012, 18h00-20h00

Conférence "Max Weber et Emile Durkheim dans le miroir déformant de l'anthropologie juridique" par Werner Gephart, juriste et sociologue, professeur à l'université de Bonn, en collaboration avec la Maison des Sciences de l'Homme Ange-Guépin.

" Les deux pères fondateurs Max Weber et Émile Durkheim ont-ils inspiré ou au contraire empêché – avec leurs réflexions sur la dimension juridique et normative du monde social – l’évolution de cette discipline opaque, nommée « anthropologie juridique » en France, legal antrhopology dans le monde anglosaxon et « Rechtsethnologie » en Allemagne ? Lorsqu´on tente de répondre à cette question,  on se retrouve confronter à certaines images renvoyées par un miroir déformant : 

1. Max Weber est le témoin d’une anthropologie ratée, par excellence. Il serait, en effet,  culturaliste sans culture, prônant un « legal monism » en se fixant sur l’État Nation, et en excluant systématiquement la mondialisation.

2. Les caricatures de Durkheim ne sont pas moins répandues que celles de Weber. Selon Sally Falk Moore, Durkheim est à la recherche des « elementary forms of social unanimity », qui ne sont qu´une variante de cette hérésie prônant l´existence d´une seule et unique « conscience collective ». Selon cette approche, Émile Durkheim rejoint une conception holistique et homogène du « règne normatif », un règne, qui par manque d’une théorie suffisante de l’État, souffrait du défaut de saisir la « méta-sphère » de la société. L’intérêt scientifique de Durkheim pour les sociétés archaïques est marqué dès lors par ce préjugé du primitivisme, exprimé d’une manière paradigmatique dans l’essai « De quelques formes primitives de classification». Cette conférence cherche à corriger ces « crimes » commis par Weber et Durkheim : ceux d´un culturalisme, d’un monisme et d’un nationalisme implicite sans pour autant reproduire à l’identique les études wébériennes et durkheimiennes pour les besoin d’un règne normatif au temps de la mondialisation."

Werner Gephart

Mardi 19 juin 2012, 18h00-20h00

Conférence "L'internationalisation du droit" par Mireille Delmas Marty, Professeur au Collège de France et Alain Supiot, Directeur de l'IEA de Nantes, Professeur à l'université de Nantes et membre honoraire de l'IUF.

 Jusqu’à une période récente le Droit se présentait en Europe comme un pavage de Droits nationaux. Chacun d’eux constituait un système clos sur lui-même et possédait, avec le droit international privé, son propre outil (national) de communication avec tous les autres.

Ce tableau a beaucoup changé durant ces trente dernières années. Certes le tropisme national continue de dominer l’étude du Droit, mais il a perdu de sa force pour des raisons à la fois internes et externes à l’Europe. Internes avec l’emprise désormais considérable d’un droit élaboré hors des cadres nationaux, essentiellement par la Commission européenne, la Cour de justice de l’Union et, dans une faible mesure, la Cour européenne des droits de l’Homme. Externes avec la fin des empires européens, l’effacement des frontières du commerce et la montée corrélative en puissance de droits individuels détachés de leurs cadres nationaux et de nouveaux juges internationaux (Cour pénale internationale, Organe d’appel de règlement des différends de l’Organisation Mondiale du Commerce).

Cette internationalisation du Droit soulève de nombreuses questions, concernant notamment le statut des droits de l’Homme, l’inscription territoriale des lois, la souveraineté nationale ou la nature du droit européen.

Ce sont ces questions qui feront l’objet d’un dialogue entre Mireille Delmas-Marty et Alain Supiot, puis d’un débat ouvert avec les auditeurs de cet entretien.

Mireille Delmas-Marty est professeur honoraire au Collège de France (Chaire d’Études juridiques comparatives et internationalisation du droit).

Alain Supiot est professeur à l’Université de Nantes et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France (Chaire Dogmatique juridique et lien social).

Mardi 26 juin 2012, 18h00-20h00

" La Maison, le feu et la mort : Conversation entre deux poétes "

Ashok Vajpeyi, Poète, critique littéraire, New Delhi (Inde), résident IEA de Nantes 2012 - invité du Directeur

(Conférence en anglais avec traduction simultanée)

"La poésie, en quelque sorte, est une conversation :

Avec soi même, avec la nature, avec les autres, avec Dieu, avec les mots même. Les poètes à travers les âges et les continents sont capables de s’entretenir tranquillement. Et un poète moderne tend l’oreille pour écouter Kabir de la fin du 16ème siècle et Ghalib du 19ème siècle qui semblent être en grande conversation. Ceci est possible à travers certains thèmes importants et connexes aux deux poètes : la maison, le feu et la mort.

Kabir insiste sur le fait que vous devrez brûler votre maison pour l’accompagner. La maison de Ghalib est déjà en ruines. Pour Kabir le monde entier est en flammes, chacun/chacune brûlant de son propre feu. Ghalib nous met en garde que personne ne le touche : le feu qui le consume est tel qu’il pourrait blesser quelqu’un. Kabir nous rappelle que nous sommes tous sous l’ombre de la mort : nous sommes des biscuits que la mort garde, soit dans sa bouche, soit dans son giron. Ghalib affirme que nous n’avons aucun répit entre l’angoisse d’être et la mort à venir : la lampe brûle de toutes les nuances jusqu’au lendemain matin."