La présence de l’Empire russe en Palestine : entre politique intérieur et stratégies internationales (1847-1917).
Conférence de Elena Astafieva
26 octobre 2010
Conférence

La présence de l’Empire russe en Palestine : entre politique intérieur et stratégies internationales (1847-1917). Conférence de Elena Astafieva

Mardi 26 octobre 2010 à 18hI EA de Nantes, Amphithéâtre Simone Weil, 5 allée Jacques Berque à Nantes

La Russie impériale s’installe en Palestine, en 1847, à travers la création de la Mission ecclésiastique à Jérusalem. Cet événement s’inscrit dans un processus plus large d’investissement de la Palestine par les Grandes Puissances européennes, investissement défini dans l’historiographie comme « l’invention de la Terre sainte ». Elle intervient après la guerre syro-égyptienne de 1839 et le premier projet d’internationalisation de Jérusalem sous l’égide des principales Puissances européennes. Cette invention de la Terre sainte apparaît aussi comme une réaction aux nouvelles idéologies séculières - libéralisme, socialisme, nationalisme -, qui menacent les valeurs religieuses des sociétés occidentales. C’est dans les années 1840 que la Terre sainte se transforme de « lieu céleste en lieu terrestre », et la Palestine, une périphérie arabe de l’Empire ottoman, mais le centre de trois religions, devient lieu de confrontation des intérêts religieux et géopolitiques des principaux pays européens, y compris l’Empire russe orthodoxe.

La présentation à l’Institut d’Etudes avancées de Nantes, fondée sur nos découvertes archivistiques en Russie, en France, au Vatican et en Italie, sera consacrée à l’analyse de deux questions principales :

  • comment, l’installation de la Russie à l’extérieur de ses frontières, dans ce cas, en Palestine, est utilisée par le pouvoir dans sa politique intérieure de construction et de maintien de l’Empire ?
  • et comment cet investissement massif - politique, religieux, culturel - de la Russie dans cette province de l’Empire ottoman, face à la France, la Grande-Bretagne, la Prusse/Allemagne, l’Autriche, renforce son statut de Grande Puissance au Proche-Orient, et encore plus en Europe ?

 

Elena Astafieva a obtenu son diplôme d’études supérieures en histoire à l’Université d’Etat en Sciences Humaines de Russie (RGGU, Moscou). Elle est docteur de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes en Histoire et Sciences des religions. Son domaine de recherche est centré sur l’histoire de l’Empire russe de 1772 à 1917.
Sa thèse "L’Empire russe et le monde catholique: entre les représentations et les pratiques, 1772-1905" examinait le fonctionnement de la Russie impériale à travers la gestion des minorités religieuses et nationales. Elle paraîtra aux Editions Les Belles Lettres sous le titre Entre le Tsar et le Pape: l’Empire russe et le monde catholique, 1772-1905.
Dans sa recherche postdoctorale à l’EHESS (2007-2008), à Columbia University (2008-2009) et au Collegium de Lyon (2009-2010), elle analyse les différents aspects de la politique de la Russie impériale en Palestine dans les années 1840-1920, en étudiant les interactions entre la diplomatie russe, la science et l’Eglise orthodoxe dans la région. En avril 2009, à Columbia University, elle a organisé un colloque international sur Great Powers in the Holy Land: From Napoleon to the Balfour Declaration.
Depuis 2007, E. Astafieva enseigne à l’EPHE en tant que chargée de conférences sur « Les intellectuels dans le monde russe, XIXe-XXe siècles ». Actuellement, elle mène ses recherches dans le cadre du Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC, EHESS-CNRS).